Sylvie BENAZET, PSPP au SDIS 66

Sylvie Benazet, pharmacienne professionnelle gérante de la PUI au sein du SDIS des Pyrénées-Orientales, s’est lancée dans cet engagement avec la passion d’aider autrui.

Son parcours

Après un cursus en pharmacie, elle poursuit avec un DESS en recherche clinique à Poitiers, elle complète ensuite sa formation par un stage à Edimbourg. Diverses étapes dans sa vie l’amènent au poste de pharmacien sapeurs-pompiers professionnel à Perpignan.

Naissance d’une motivation

Durant ses études de pharmacie, Sylvie Benazet ne se destinait pas à l’officine qui ne correspondait pas à ses attentes, mais plutôt à la recherche ou à la police scientifique, « je souhaitais être sur le terrain, mais face au peu d’opportunités dans ce domaine, j’ai abandonné le projet » Pour des raisons personnelles, elle arrive en Ariège et effectue des remplacements dans une officine de montagne dans laquelle elle fut très souvent sollicitée pour des soins d’urgence. C’est ainsi qu’elle se dirige vers les pompiers pour y parfaire sa formation en premiers secours. En parallèle, elle s’investit dans une mission humanitaire au Cameroun , ce qui l’amène, à son retour, à réfléchir sur un investissement de proximité. Elle s’investit alors parmi les pompiers ariégeois comme pharmacien volontaire, et, de fil en aiguille, monte un service de visites médicales. Elle passe le concours professionnel en 2004 et postule alors à Perpignan au poste de pharmacien professionnel qu’elle obtient en 2005.

Ses fonctions

Outre la gestion classique du stock et de l’approvisionnement de la pharmacie, Sylvie Benazet a plus d’une corde à son arc. Elle intervient dans le domaine NRBC (formations, interventions, inventaires) et assure des missions d’hygiène (test de nouveaux produits et matériels, élaboration de nouveaux protocoles avec les infirmiers, formations, prélèvements de surface avec le vétérinaire, aménagement et choix du mobilier de désinfection dans les nouvelles casernes avec le service patrimoine). De même, elle participe à divers marchés groupés de pharmaciens (zone sud, Occitanie), mais aussi à l’élaboration d’un cahier des charges zonal, concernant la mise en place d’une ambulance commune à dix départements.  « Nous contrôlons, chaque année notre parc de 65 ambulances, aux côtés d’un ingénieur biomédical ». Avec le service technique et logistique, elle participe à la gestion de la logistique alimentaire, « sur les feux les pompiers ont besoin de se réhydrater, de s’alimenter, nous avons mis en place, avec l’aide de la diététicienne et du vétérinaire, des sachets énergétiques, nous avons revu également la composition des rations alimentaires ». D’autres missions lui sont proposées comme des interventions en recul, en salle de crise lors d’évènements particuliers (épisodes météo, gilets jaunes) ou la mise en place de PMA (Poste Médical Avancé) décliné pour des interventions mettant en cause de nombreuses victimes, comme l’accident de bus tristement mémorable, à Millas fin 2017. Elle collabore également avec les équipes spécialisées pour la mise en place de lots de secours (lots plongeurs, lots GRIMP, lots brûlages dirigés, lots spéléo, lots violences urbaines). Enfin, avec les pharmaciens volontaires, elle est associée aux projets de prévention toxicité des fumées, risques addictifs, prévention routière.

Une intervention marquante

« Lors d’une menace de choléra à bord du vol Oran/Perpignan, en septembre 2018, le SSSM et la PUI ont été sollicités pour définir la conduite à tenir face aux 140 passagers retenus à bord, sur le tarmac de l’aéroport depuis plus d’une heure. Pression médiatique oblige. En repos ce jour-là, après alerte du CODIS, j’ai prévenu l’équipe pharmacie pour envoyer rapidement de quoi réhydrater et perfuser les passagers, ainsi que des tenues biologiques. En route vers l’aéroport, par le biais d’un collègue pharmacien volontaire, j’ai obtenu les coordonnées d’un médecin de l’OMS, spécialiste du choléra en Afrique, afin de mieux connaitre les mesures de prévention face à une telle maladie. Le choléra étant transmissible essentiellement par voie manuportée, en accord avec notre médecin chef, nous avons mis en place un cordon sanitaire au pied de l’avion. Les pharmaciens, les sapeurs- pompiers du SDIS et de l’aéroport, ensemble, ont procédé à la désinfection des mains de tous les passagers avec des solutions hydroalcooliques, fournies par la pharmacie. Nous avons également procédé à une prise de renseignements sur les adresses et les identités des passagers, afin de suivre l’évolution de leur état de santé, dans l’éventualité d’une menace de choléra avérée. Une opération rondement menée basée sur la confiance mutuelle ». Déclare-t-elle.

Ses partenaires du SDIS

Le SSSM compte 8 pharmaciens volontaires, un logisticien, une élève préparatrice en apprentissage, des médecins, des infirmiers, mais aussi des vétérinaires, diététiciens, ostéopathes, un préparateur physique, une assistante sociale ainsi qu’une cellule médicopsychologique avec psychologues et psychiatre.

Sa vision de la fonction

Ce qui fait la richesse d’une équipe pour Sylvie Benazet c’est arriver à s’adapter, être réactif face aux menaces émergentes  (Ebola), à l’actualité (toxicité des fumées, gilets jaunes) et face à des événements inopinés (attentats de Trèbes), dans un département où les risques sont variés (feux de forêts, noyades) et où l’activité opérationnelle estivale est intense (35 postes de plage SP, rassemblements de foule à risque : electrobeach, férias, déferlantes) « On se rend compte qu’on peut être amenés à vivre des situations qu’on ne va pas retrouver derrière un comptoir d’officine, on participe à la chaine des secours, on apporte une aide à des victimes, aux pompiers, par le biais de moyens communs ; penser qu’au final cela peut protéger, soulager ou parfois même sauver des vies, c’est une satisfaction».

Ses projets, ses souhaits

En tenant compte des expériences précédentes, Sylvie Benazet et son équipe souhaiteraient des véhicules plus adaptés et rapidement projetables sur des interventions pour nombreuses victimes, car les gros camions ne permettent pas toujours une intervention rapide en tout lieu.  Elle ajoute, « nous aimerions disposer de foodtrucks pour assurer la logistique alimentaire auprès des pompiers en interventions ». Par ailleurs, Sylvie Benazet prévoit d’achever cette année la mise en place d’un logiciel pharmaceutique dans chaque centre de secours, qui va permettre d’assurer une dématérialisation et une traçabilité des commandes pharmacie. Elle participe avec l’ensemble du SSSM au projet de mise en place d’un logiciel de gestion opérationnelle, sous forme de tablettes embarquées dans les VSAV.


Auteur : Anne LEBLON, journaliste.