Les postes médicaux avancés : enquête de la Commission « Missions Opérationnelles »

Si la création du plan ORSEC (ORganisation des SECours) date de 1952, le plan d’urgence, appelé « plan rouge » chez les sapeurs-pompiers, date de 1987. La loi de modernisation de la sécurité civile de 2004 modifie la signification de l’acronyme ORSEC qui devient « Organisation de la Réponse de la SEcurité Civile » et le nom du plan rouge désormais appelé NOVI pour « NOmbreuses VIctimes ».

 

LES PMA

  • Origines des PMA :

C’est en 1981, lors d’un exercice de la sécurité civile à Gap, que serait né le concept du PMA. Ce PMA, Poste Médical Avancé, est le maillon central de la chaîne médicale de secours. Sauf exception, c’est un lieu de passage obligatoire des victimes. Il a pour rôle l’accueil, l’abri, le regroupement et le recensement des victimes, mais aussi et surtout le triage et les premiers soins essentiels des blessés pour permettre leur évacuation sur les hôpitaux d’accueil les plus adaptés. Aujourd’hui une partie de ces missions est réalisée au PRV.

  • Lots PMA, PSM, PRV : quelle composition ?

Il n’a jamais été officiellement établi un inventaire précis du minimum à détenir dans les lots PMA, contrairement aux inventaires des lots PSM, gérés par le Ministère de la Santé, et stockés dans certains établissements hospitaliers. Seuls les lots PRV NRBC distribués depuis 2016 par le ministère de l’Intérieur sur des points sensibles du territoire national et gérés par les SIS, disposent d’une composition bien définie. Comment alors constituer et penser les lots PMA ?

  • Caractéristiques des lots PMA :

Les différents lots PMA répartis sur le territoire comprennent tous du matériel pour organiser une structure d’accueil : tente, groupes électrogènes pour assurer notamment l’éclairage, la climatisation et l’alimentation des appareils médicaux, également des brancards et des porte-brancards. Pour certains SIS, les ressources en matière de médicaments et matériels médicaux sont préconstitués à la PUI et ne sont pas intégrées aux lots PMA, pour d’autre SIS, peu nombreux, le matériel médical est constitué par les lots PSM uniquement.

Parmi les SIS qui constituent des réserves de matériel médical et médicaments, les lots PMA peuvent comporter :

  • Du matériel biomédical: aspirateurs, respirateurs, moniteurs, pousse-seringues, etc.
  • Des dispositifs médicosecouristes : attelles d’immobilisation, garrots, etc.
  • Des dispositifs médicaux stériles ou non stériles : compresses, pansements, cathéters, perfuseurs, etc.
  • Des médicaments : l’oxygène bien sûr, indispensable dans la prise en charge des victimes d’incendie, mais aussi d’autres médicaments dont les dotations sont fonction des ressources déjà existantes le cas échéant.

Enfin pour prévoir le déploiement de ce PMA, l’organisation territoriale et logistique est également laissée à l’appréciation des SIS et de nombreuses solutions existent selon les infrastructures du territoire (délais d’acheminement) et les ressources des SIS (nombre d’agents ayant le permis poids lourds, taille des remises, etc.).

 

RÉSULTATS DE L’ENQUÊTE « MISSIONS OPÉRATIONNELLES » D’ALPHASIS

Les résultats de l’enquête réalisée en 2018 auprès de très nombreux pharmaciens de SIS a permis de faire un état des lieux de ce qui existe aujourd’hui :

  • Nombre de véhicules dédiés aux PMA:

Très variable, pour les SDIS de catégorie A, il varie de 2 à 10 avec 60 % de ces SDIS qui ont choisi d’avoir 4 à 5 véhicules. Pour les catégories B, il varie de 0 à 8 avec 40 % qui en ont 3 et pour les catégories C, il varie de 0 à 4 avec 40 % équipés d’1 seul véhicule.

  • Types de véhicules utilisés :

Plusieurs SIS de catégorie A ont à ce jour des véhicules de plusieurs types pour assurer l’organisation des PMA au détriment des poids lourds contenant tout le nécessaire en un véhicule. Actuellement 2 SIS (catégorie A également) ont évoqué leur démarche de révision de la répartition de leurs stocks avec cette tendance à abandonner les poids lourds pour plusieurs vecteurs de plus petite taille de dotation variées.

  • Équipement des véhicules :

Une grande disparité existe en termes d’équipement médical et médico-secouriste.

→ La présence de réserve d’oxygène ne semble pas faire débat : plus de 90 % des véhicules PMA en sont équipés et seuls 7 SDIS sur les 87 ayant répondu n’en ont pas équipé leurs véhicules PMA.

→ Il en va de même pour le matériel médico-secouriste, des SIS de catégorie A et B en sont dotés à plus de 90 % contre 54 % pour les catégories C.

→ Le matériel biomédical est embarqué dans ces véhicules pour 60 % des SIS de catégorie A et environ 30 % des autres catégories. Il est à noter que ces matériels doivent être testés régulièrement et doivent également selon leur modèle subir des maintenances. Ils disposent également de batteries qui devront être entretenues. C’est pourquoi plusieurs SIS ont choisi de les répartir dans d’autres types de véhicules, gérés par des personnels paramédicaux ou de les stocker dans les PUI.

→ Des dispositifs médicaux, stériles ou non stériles sont présents dans 95 % des PMA de SDIS de catégorie A, 60 % pour la catégorie B et 50 % pour la catégorie C.

→ Enfin concernant les autres médicaments, la tendance à s’équiper en matériel/médicaments permettant de traiter les hémorragies, est clairement visible avec 75 % des SDIS de catégorie A, et 63 et 50 % des SDIS de catégorie B et C.

Les médicaments de cardiologie représentent entre 28 % et 45 % des références en fonction des SDIS.

  • Enfin concernant les SDIS équipés les lots PRV NRBC :

Ces lots, distribués depuis 2016, sur les 16 SDIS dotés le jour de l’enquête, 8 les ont positionnés dans les véhicules PMA ou des véhicules spécifiques amenés à décaler en cas de déclenchement du plan ORSEC NOVI et 8 les ont à ce jour stockés dans des lieux spécifiques (PUI, CIS, Direction).

CONCLUSION

Ainsi, l’enquête menée en 2018 démontre bien une grande disparité des stratégies d’aménagement des véhicules PMA. Si les outils informatiques de traçabilité autorisent aujourd’hui un stockage à distance plus simple, la problématique des matériels biomédicaux reste une difficulté. En outre, la médicalisation des PRV entraine désormais une tendance à séparer les lots PMA entre des véhicules légers destinés à arriver rapidement sur les lieux pour une première médicalisation de l’avant tandis que les véhicules plus lourds emmènent dans un second temps le nécessaire afin d’abriter la structure d’accueil et de soin du PMA.

Noyale LIMON-DUPARCMEUR, déléguée de la Commission “Missions Opérationnelles”


PRV : Point de rassemblement des victimes

PRV NRBC : Point de rassemblement des victimes du Nucléaire, radiologique, bactériologique ou chimique.

PSM : Poste Sanitaire Mobile (dotations hospitalières)

PMA : Poste Médical Avancé (stocks SIS)

PUI : Pharmacie à usage intérieur

CIS : Centres d’incendie et de secours