Virus de l’hépatite B : Histoire d’un homme et d’un vaccin

Le vaccin contre le virus de l’hépatite B est un vaccin bien connu des sapeurs-pompiers puisque faisant partie de la liste des vaccins obligatoires à l’exercice de leurs missions de secours à personne.

Ce vaccin protège contre l’infection provoquée par le virus de l’hépatite B (HBV). En France 400.000 personnes sont porteuses de ce virus et chaque année 3000 nouveaux cas font leur apparition. A l’échelle planétaire ce ne sont pas moins de 350 millions de porteurs qui sont recensés. Autant dire qu’il s’agit là d’un problème de santé publique contre lequel ce vaccin contribue à lutter.

Dans 90% des cas l’infection est asymptomatique et passe inaperçue. Qu’elle soit symptomatique ou non l’infection par ce virus aboutit à une guérison dans 90% des cas. Que deviennent alors les 10 % restant ? Dans ce dernier cas de figure se développe une hépatite chronique, laquelle peut évoluer sur une période de 10 à 30 ans en cirrhose et/ou en cancer du foie aux conséquences très graves et non guérissables.

« L’hépatite B fait le lit du cancer du foie » Pr. Philippe MAUPAS

Philippe MAUPAS, inventeur du vaccin contre l’hépatite B était un scientifique pluridisciplinaire. Il était à la fois vétérinaire, pharmacien, médecin, Professeur agrégé de bactériologie-virologie, chercheur ainsi que Doyen de la faculté de Pharmacie de Tours.

De ses études vétérinaires il gardera une grande admiration pour Louis PASTEUR et ses travaux sur la pathologie infectieuse. Il sera d’ailleurs élève du célèbre Institut Pasteur de Paris.

Confronté aux problèmes de développement du médicament, Philippe MAUPAS ressent la nécessité de compléter sa formation et entreprend des études pharmaceutiques à Tours où il obtient son Diplôme d’Etat de Pharmacien en 1970. Quelques années plus tard il deviendra Dr en médecine, son attirance pour les problèmes de santé publique le poussant à entreprendre de telles études. Il consacrera sa thèse à un sujet qui occupera l’essentiel de ses recherches : Hépatite B et cancer primitif du foie. Recherches qu’il mènera au sein du Service du laboratoire de virologie du CHU de Tours dont il était le chef de service.

Les découvertes marquantes de Philippe MAUPAS concernent le virus de l’hépatite B :

– réalisation du 1er vaccin contre l’hépatite B et application à la prévention de cette maladie chez l’homme ;

– confirmation de la relation étiologique entre ce virus et le cancer primitif du fois.

Ses travaux le conduisent à proposer pour la première fois chez l’homme, la prévention d’un processus cancéreux par vaccination en prenant pour modèle le cancer primitif du foie et le vaccin contre l’hépatite B. Dès 1975, il réalise avec son équipe un vaccin contre l’hépatite B et sera le premier vacciné dans la grande tradition Pastorienne d’injection mutuelle au sein d’une même équipe.

L’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM), en France, sera obtenue en 1981 pour le haut risque hospitalier.

Outre le fait que ce vaccin soit le 1er vaccin contre le virus de l’hépatite B à avoir été mis à disposition de la communauté médicale et de la population mondiale, pour la première fois il s’agissait d’un vaccin préparé à partir d’une fraction de virus (antigène HBs de l’enveloppe) et non d’un virus entier.

Décédé prématurément à l’âge de 41 ans de retour d’une mission scientifique au Sénégal, Philippe MAUPAS avait acquis une notoriété internationale et entrait dans la phase la plus productive de sa déjà brillante carrière scientifique, candidat potentiel au Prix Nobel de Médecine.

Article rédigé par le Pharmacien-Cdt Karim BARBOUCHE