Le pharmacien de sapeurs-pompiers face aux risques technologiques et NRBC

L’enquête réalisée par la Commission « Missions Opérationnelles » de l’association ALPHASIS en 2018 a permis de faire une photographie de l’activité de l’organisation des pharmaciens de sapeurs-pompiers dans 89 PUI de SDIS. Ce taux de réponse exceptionnellement élevé offre une excellente représentativité des données ainsi collectées et la Commission « Missions Opérationnelles » vous communiquera régulièrement les résultats de son analyse.

Voici le point sur l’investissement du pharmacien en matière de risques technologiques et NRBC :

Qualifications des pharmaciens

En moyenne, dans 67 % des PUI interrogées on trouve au moins un pharmacien détenteur d’une qualification « RCH ». Rappelons que la qualification RCH s’échelonne des niveaux 1 à 4 (idem pour le RAD).

  • Les niveaux 1 et 2 permettent aux sapeurs-pompiers d’acquérir la compétence équipier/chef d’équipe de reconnaissance ou d’intervention.
  • Le niveau 3 confère la compétence de chef de CMIC (Cellule Mobile d’Intervention Chimique). Il commande les équipes de reconnaissance et d’intervention, assure l’entretien et la maintenance du matériel et participe à la formation et au recyclage des personnels de la spécialité RCH.
  • Le niveau 4 confère la compétence de conseiller technique en risques chimiques auprès du commandant des opérations de secours et du directeur des opérations de secours (maire, préfet, etc.).

Le risque biologique est aussi appréhendé dans les cursus RCH mais à un niveau moindre que le risque chimique. Les pharmaciens possèdent généralement des connaissances approfondies dans cette discipline et se retrouvent donc plus volontiers en position de formateurs que de stagiaires. Cette approche est complémentaire de celle des médecins ou même des vétérinaires selon les cas. Le rôle de conseiller technique départemental en risques biologiques est traditionnellement tenu par un membre du SSSM.

La majorité des pharmaciens de sapeurs-pompiers ayant suivi les formations RCH sont titulaires des niveaux 1 et 2. Les niveaux 3 et 4, bien que plus adaptés au rôle de conseil technique du pharmacien sur intervention, sont difficilement accessibles à cause des prérequis exigés pour accéder à ces formations : ils nécessitent souvent d’être déjà titulaires des unités de valeur GOC 3 ou GOC 4 réservés aux chefs de groupe ou chefs de colonne de la filière incendie.

Parmi les autres formations possibles en matière de risques technologiques ou NRBC, 28 PUI comprennent au moins un pharmacien spécialisé en toxicologie (diplômes d’Université, masters, etc.), 12 PUI comprennent un pharmacien spécialisé en NRBC et 14 PUI un pharmacien ayant suivi une formation dans les risques radiologiques (formations RAD).

Rôle de formateur des pharmaciens

De par son cursus universitaire spécialisé en chimie et en biologie, le pharmacien de sapeurs-pompiers est un interlocuteur naturel au sein des SDIS en matière de risques chimiques, biologiques ou toxicologiques. Ces domaines sont également approfondis lors de sa formation initiale à l’École Nationale des Officiers de Sapeurs-Pompiers (voir l’article à ce sujet).

Aussi, dans 47 % des SDIS, au moins un pharmacien participe à des actions de formation en qualité de formateur sur le risque chimique, 67 % pour le risque biologique et 46 % en matière de NRBC. La spécialité des risques radiologiques ne semble pas être un domaine où le pharmacien intervient régulièrement, bien que certains d’entre eux puissent être radiopharmaciens et participer aux activités opérationnelles.

Engagement opérationnel des pharmaciens

 

Hormis les situations exceptionnelles mettant en jeu le dispositif de réponse départementale NRBC où les pharmaciens sont souvent attendus pour assurer la logistique pharmaceutique (notamment des antidotes), les pharmaciens peuvent aussi participer régulièrement aux interventions de la CMIC.

L’enquête révèle que 38 % des SDIS ont recours aux pharmaciens pour assurer un conseil technique opérationnel en matière de risque chimique ou biologique. On peut aussi observer que plus le SDIS est de petite taille, plus l’engagement des pharmaciens est fréquent (près d’un SDIS sur 2 pour les catégories C).

Conclusion

Cette enquête illustre parfaitement l’engagement des pharmaciens de sapeurs-pompiers dans le domaine des risques technologiques et le NRBC, tant sur le plan de la formation que de l’opérationnel.

L’investissement du pharmacien au sein de l’équipe des risques chimiques et des risques radiologiques est un atout qui permet de mutualiser les compétences et assurer une synergie pour gérer des interventions parfois complexes.

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