Mireille DOUCET, Préparatrice, et Roselyne STEVE, PSPP au SDIS 06

Elles ont rejoint, il y a une vingtaine d’années, le pôle logistique du SDIS 06, chacune avec un parcours différent ; tandis que Roselyne STEVE est pharmacienne gérante de la PUI, Mireille DOUCET est préparatrice en pharmacie, malgré une absence de statut professionnel au sein des sapeurs-pompiers.

Leurs parcours

Après une filière administrative en Bac G1, Mireille DOUCET continue ses études en CAP pendant 2 ans, puis enchaîne avec une année de mention complémentaire suivie de 2 années en BP. Elle travaille ensuite 15 ans en officine, mais parallèlement elle intègre, non sans mal, le service incendie en tant que sapeur-pompier volontaire ; une vocation de longue date puisque cela fait 30 ans qu’elle officie aux côtés des sapeurs-pompiers. Mireille DOUCET fut en quelque sorte une pionnière. « J’ai toujours voulu faire cela même si c’était assez compliqué à l’époque puisqu’il y avait peu de filles chez les sapeurs-pompiers volontaires », nous précise-t-elle. Puis, lors de la création des pharmacies départementales, elle devient préparatrice au sein de la future Pharmacie à Usage Intérieur (PUI) du SDIS 06 en 2000.

 

 

 

 

Roselyne STEVE, quant à elle, est pharmacienne de sapeurs-pompiers professionnelle, chargée de la gérance de la PUI. Issue de la Fac de pharmacie de Lyon, elle choisit de se diriger vers la filière industrielle. Ce qui l’amène dans un centre de recherche à Sophia Antipolis.  Puis, sur les incitations d’un ami pompier, elle entre à la caserne d’Antibes en tant que pharmacien SPV. Elle effectue quelques vacations qui deviennent de plus en plus nombreuses avant de devenir contractuelle, il y a 20 ans. « Je suis entrée par la petite porte, … Je ne connaissais pas du tout le métier de sapeur-pompier, mais j’étais très curieuse, trouver un nouveau milieu, ce monde complètement fermé à l’époque, dont je n’avais aucune information ». Depuis son entrée dans le monde des pompiers, l’oxygène est devenu un médicament (AMM) et il a nécessité de mettre en place un circuit du médicament. Ce circuit a concerné tant la fabrication que la distribution : le gazier a dû devenir Établissement Pharmaceutique pour sa partie oxygène médicinal et les SDIS ont dû créer des pharmacies à usage intérieur pour pouvoir le distribuer.

Parallèlement, la départementalisation des services d’incendie a également contribué, en faisant tomber les conventions communales avec les hôpitaux de proximité, à cette création.

C’est ainsi que Roselyne STEVE a demandé l’ouverture d’une pharmacie à usage intérieur au sein du pôle logistique des SP du SDIS 06, ouverture qui a pris effet le 13 juillet 2001. Ce fut l’une des premières PUI de SDIS. “Tout est une question d’opportunités, il faut les saisir, affirme-t-elle.

Leurs statuts 

Même si le statut du pharmacien SPP est bien défini, rien n’est prévu concernant les préparateurs ; le Code de la Santé Publique précise pourtant bien que seuls les préparateurs en pharmacie sont autorisés à aider les pharmaciens, or, le cadre emploi de préparateur n’existe pas dans la fonction publique territoriale, il n’existe que dans la fonction publique hospitalière. Ainsi, les préparateurs de SDIS en France sont, soit employés comme contractuels à durée indéterminée ou, comme souvent, ils sont recrutés sur une grille technique ou administrative. Mireille Doucet est, quant à elle, contractuelle à durée indéterminée sur la grille hospitalière. Et Roselyne STEVE ajoute : « Je suis la seule pharmacie de SDIS en France à avoir des préparatrices sur la grille hospitalière, qui est très avantageuse par rapport aux grilles internes des personnels techniques ou administratifs. Cette grille, hors services incendie, a été négociée au départ et depuis elle est réévaluée régulièrement. Et j’ai la chance d’avoir 2 préparatrices sous ce statut, alors que les préparateurs ne sont qu’une vingtaine sur toute la France ». Malheureusement, le statut des préparateurs au sein de SDIS n’est pas destiné à évoluer ; au regard de leur petit nombre, les SDIS recrutent plutôt des pharmaciens-adjoints ou des magasiniers.

Leurs missions

En tant que préparatrice en pharmacie, Mireille DOUCET est en charge, avec sa collègue préparatrice en pharmacie Christel ALLONGUE, de :

  • Préparer les commandes et assurer le suivi des livraisons de 6 sites VLM/VLI et d’un hélicoptère DRAGON 06, sur un logiciel métier
  • Préparer les commandes des 73 CIS du SDIS06
  • Participer à l’élaboration des commandes de médicaments et dispositifs médicaux stériles (DMS) aux laboratoires, en vue de leur passation par le pharmacien gérant (consultations des fournisseurs, …)
  • Assurer la réception et le rangement des commandes de fournisseurs pour les médicaments et les dispositifs médicaux stériles et tout autre produit dispensé par la PUI
  • Assurer le suivi du stock sur le logiciel métier
  • Participer au reconditionnement des dotations mises à disposition par la PUI (PMA, …)
  • Assurer la traçabilité des gaz médicinaux sur le logiciel dédié ; 850 bouteilles réparties sur le SDIS 06.

Elle est également membre du CHSCT et donc participe à plusieurs commissions.

Bien qu’il n’y ait pas de missions extérieures à la PUI en tant que préparatrice, malgré les efforts du pharmacien gérant qui aimerait qu’elle puisse aider le pharmacien sur un PMA, par exemple, Mireille DOUCET participe, grâce à son double statut SPV, aux missions de terrain en tant qu’adjudant SPV ou elle prend des gardes opérationnelles au centre de secours de Menton.

Quant à Roselyne STEVE, ses missions sont chaque jour différentes « Nous n’avons pas de journée type, on s’adapte au terrain. Hormis les missions régaliennes comme par exemple réarmer un véhicule médicalisé sorti en intervention, ce n’est jamais pareil et c’est ce qui me plait ; toujours friande de trouver quelque chose de nouveau, je ne m’ennuie jamais… « Nous avons une grande solidarité entre PSP de SDIS ; j’ai été activée le 14 juillet 2016 sur la Promenade des Anglais à Nice ; cet évènement dramatique m’a permis de mettre à exécution , en réel, des procédures que l’on fait tous en exercice dans nos SDIS; lors de mon retour d’expérience, j’ai insisté sur l’importance d’entraînements réguliers ».

Une équipe

Le SDIS des Alpes-Maritimes dispose d’un Pharmacien-chef, SPP, qui appartient à la Chefferie du Service de Santé et se consacre au NRBC. La PUI compte 5 pharmaciens de sapeurs-pompiers volontaires de profils différents, 3 officinaux et 2 hospitaliers. Ayant moins de temps à consacrer à la PUI, les pharmaciens hospitaliers amènent une culture de commission médicale, avec des réflexions sur l’utilisation d’un produit ou comment le diffuser ; ils se chargent de la formation et de l’information auprès des pompiers.  La PUI est enrichie également d’une 2ème préparatrice, Christel ALLONGUE, embauchée 1 an après Mireille DOUCET.

Leur vision de la fonction

C’est un leitmotiv pour Mireille DOUCET : « C’est ma passion depuis toujours et j’ai la chance d’allier mon métier de préparatrice à cette passion ».

Roselyne STEVE estime que les services de santé subissent actuellement quelques turbulences surtout dans les SDIS de catégorie A. « Les SDIS ont des baisses de budget, liées à la conjoncture actuelle, les services de santé, par ricochet, également : les postes libérés ne sont plus systématiquement pourvus. Cela provient peut-être aussi d’une baisse d’attractivité des postes ou d’une difficulté à les intégrer ».

Leurs Projets

Durant 30 années de service auprès des sapeurs-pompiers, Mireille DOUCET a passé successivement les examens de caporal, sergent et adjudant. Aujourd’hui elle nous livre la suite de son parcours : « On a la possibilité, dans la fonction publique, de pouvoir changer de grille en passant un concours, et cette année j’ai pris la décision de m’inscrire au concours de lieutenant 1ère classe ; c’est cela mon truc, j’allie mon métier à ma passion ». Ce n’est d’ailleurs pas une passion isolée puisqu’avec un mari professionnel et deux filles infirmières et pompiers volontaires, on peut dire qu’il s’agit d’une véritable passion partagée.

Roselyne STEVE s’inquiète pour sa relève, elle aimerait pouvoir former un(e) pharmacien(ne) qui la remplacerait ; mais il est difficile désormais d’avoir une vision de l’avenir à long terme.

Rédactrice : Anne LEBLON.