En cas d’attaque chimique ou d’intoxication, plusieurs antidotes existent pour mettre en œuvre le plus rapidement possible les contre-mesures médicales adaptées. Chaque mois nous vous proposons de découvrir un antidote.
Le BAL (British Anti Lewisite) ou dimercaprol est l’antidote d’une arme chimique, la Lewisite (2 chlorovinyldichlorarsine), appartenant à la famille des vésicants (c’est-à-dire provoquant des vésications sur la peau), dont la caractéristique principale est de contenir un atome d’arsenic. La Lewisite a été développée aux Etats-Unis pendant la Première Guerre mondiale par le capitaine WINFORD LEE LEWIS, pendant laquelle elle a été produite de façon massive mais n’a que très peu ou pas été utilisée. Elle provoque des symptômes proches de ceux de l’ypérite (surnommé « gaz moutarde »), mais plus graves, beaucoup plus rapides et cicatrisant moins bien. Le BAL ou dimercaprol a été développé en Grande-Bretagne en 1941. Il se combine aux métaux lourds (chélation), parmi lesquels l’arsenic de la Lewisite, pour former un complexe hydrosoluble qui peut ainsi être excrété par le rein.
De par son mode d’action, les indications de l’antidote BAL sont doubles :
- les intoxications aiguës à la Lewisite, pour lesquelles il a été développé,
- les intoxications par contamination interne aux isotopes de certains métaux lourds tels que mercure, plomb, sels d’or, polonium, bismuth, cadmium, …
Le BAL s’administre exclusivement par voie intra-musculaire profonde, sans dilution, et immédiatement après ouverture du conditionnement. Le BAL se présente sous forme d’ampoules de 2 mL contenant 200 mg de dimercaprol et 1 mg de butacaïne (anesthésique local). La dose initiale pour adultes et enfants est de 2 à 3 mg/kg par injection, sans dépasser 200 mg (1 ampoule). Le BAL devra être réinjecté 6 fois par jour, toutes les 4 heures, pendant une période pouvant aller jusqu’à 10 jours. Le BAL peut provoquer des effets indésirables, principalement une vive douleur au point d’injection et des effets cardiovasculaires (tachycardie et hypertension).
Il existe également en dotation un analogue hydrosoluble du BAL, le DMSA ou succimer
(Succicaptal®) qui peut être administré par voie orale pour le traitement des intoxications au plomb et au mercure.
À suivre …
Pharmacien colonel Christophe PIERARD