[PORTRAIT] : Gaëtan, pharmacien capitaine volontaire du SIS du Bas-Rhin

Gaëtan, Pharmacien capitaine volontaire du SIS du Bas-Rhin, en charge de la compagnie de Saverne, est également pharmacien adjoint intermittent en officine. Il allie deux passions qu’il nourrit depuis son plus jeune âge : la pharmacie et l’intervention auprès des pompiers.

Son parcours

Gaëtan est diplômé de la faculté de pharmacie de Strasbourg, et obtient sa thèse en 2020. Il poursuit avec un diplôme universitaire en orthopédie pratique à Besançon, en 2023. 

Naissance d’une motivation

C’est très jeune, vers l’âge de 10/12 ans, qu’il sait qu’il va devenir pharmacien, c’était une certitude pour lui. Il savait, malgré son jeune âge, qu’il voulait travailler dans la santé et plus précisément dans la pharmacie. Quant au métier de sapeur-pompier « c’était une volonté de ma part, ça m’a toujours intéressé, mais je voulais attendre que mes études soient finies », précise-t-il. En effet, les études de santé, prennent du temps, de l’énergie et Gaëtan voulait s’y consacrer pleinement. C’est donc une fois diplômé qu’il s’est engagé auprès des sapeurs-pompiers en tant que volontaire. 

Vivant en Moselle, il intègre en juin 2021 les pompiers en filière incendie traditionnelle, et rejoint la caserne de Philippsbourg-Baerenthal, dans le pays de Bitche ; il intervient alors en secours à la personne, sur des incendies, des opérations de secours routier ou lors d’opérations diverses. Bien qu’il eût songé à devenir pharmacien chez les sapeurs-pompiers, mais trop éloigné géographiquement de la Pharmacie à Usage Intérieure du 57, il renonce et se cantonne à une activité plus traditionnelle de pompier. C’est lorsqu’il s’installe dans le Bas-Rhin, en décembre 2023, qu’une opportunité s’offre à lui « je l’ai saisie en plein vol », dit-il. Il rejoint alors le SSSM en tant que pharmacien capitaine.

Ce qui séduit Gaëtan en tant que pharmacien chez les sapeurs-pompiers, c’est d’avoir un peu les différentes casquettes, il s’agit d’un métier dans lequel la richesse est double avec une tout autre vision de la pharmacie, la manière de voir le médicament, tout cela est différent chez les pompiers, qui se rattache au monde hospitalier. Par ailleurs, Gaëtan, exerce ses fonctions de pharmacien dans le privé et va d’officine en officine au gré des besoins, il remplace des confrères ou consœurs qui s’absentent. Et comme il le souligne, la présence d’un pharmacien-pompier est rassurant pour les équipes qu’il rencontre, car c’est le propre du pompier de savoir gérer des cas dans l’urgence, et il n’est pas rare de voir arriver en pharmacie de ville des personnes consulter pour un malaise, une blessure, pour lesquelles une prise en charge rapide est nécessaire.

Son quotidien

Au quotidien, l’essentiel de son activité est de gérer l’approvisionnement en matière de médicaments, d’oxygène médical et de dispositifs médicaux au sein de sa compagnie, en collaboration et en relais avec l’équipe de la PUI et les pharmaciens sapeurs-pompiers professionnels. Son activité se concentre davantage sur les deux sites où se situent les VPMA (Véhicules Postes Médicaux Avancés), l’un deux se situe à Hochfelden et l’autre à Diemeringen. Gaëtan s’y rend le plus régulièrement possible afin de gérer les stocks. Les VPMA sont des véhicules mobilisés lors d’opérations de grandes envergures, qui nécessitent un soutien en logistique sanitaire important. Ce sont des véhicules mobilisables à tout moment, comme tout autre véhicule de pompiers, mais qui constituent un concentré logistique de matériel de prise en charge de nombreuses victimes (pansements, médicaments, oxygène …).  Comme il l’explique, « Imaginons demain vous avez une usine qui brûle, vous avez des ouvriers, des employés qui sont intoxiqués ou un accident de grande envergure, un attentat, une catastrophe naturelle qui inquiète un village ou un quartier ; le nombre de victimes et d’impliqués est important, et des moyens spécifiques doivent être engagés. Ces véhicules-là seront alors mobilisés ». Dans chaque compagnie, sont nommés un pharmacien de compagnie et un infirmier qui vont gérer en duo ces véhicules. Gaëtan est également formé au risque NRBC (Nucléaires, Radiologiques, Biologiques et Chimiques), au plan NOVI (plan d’urgence face à de NOmbreuses VIctimes) et au plan SSO (Soutien Sanitaire Opérationnel ; il s’agit de l’accompagnement du personnel sapeur-pompier engagé sur des opérations de grande envergure, comprenant la prévention des risques professionnels, le suivi de la condition physique et médicale, et la prise en charge des blessures pouvant nécessiter des soins) ce qui le rend tout à fait mobilisable pour mener ses fonctions sur le terrain en cas de besoin. 

Le souhait du pharmacien volontaire auprès du SIS 67, est de faire en sorte que ce pharmacien de compagnie soit un personnel « ressources » pour sa compagnie. Dès lors qu’il y a une problématique dans tout ce qui concerne le médicament, le dispositif médical ou les appareils de biomédecine, tels les défibrillateurs multiparamétriques, les lecteurs de glycémie, un pharmacien de compagnie se déplace, rencontre les équipes, et les accompagne si besoin. S’il y a un point de sensibilisation, un doute, l’objectif du pharmacien est d’être au plus près des équipes opérationnelles du terrain et de conseiller en matière d’utilisation ou de conservation des médicaments, d’hygiène, ou encore d’élimination des déchets biologiques.  « Il m’est déjà arrivé aussi de remplacer au pied levé les deux pharmaciens professionnels, le gérant et l’adjoint lorsqu’il y a une problématique de disponibilités. Il m’était déjà arrivé de dépanner en termes de préparation de certaines commandes qui relèvent du monopole pharmaceutique strict », ajoute Gaëtan.

Ses partenaires du SIS 67

C’est plus de 5 100 sapeurs-pompiers professionnels, volontaires et personnels administratifs et techniques qui composent le SIS du Bas-Rhin. Dont 655 sapeurs-pompiers professionnels, 4 353 sapeurs-pompiers volontaires, 160 personnels administratifs et techniques. C’est également 5 pharmaciens volontaires et chacun dispose de sa compagnie.

Richesse de sa mission

Pour Gaëtan Weill, ce qui est important dans son métier, c’est le fait d’être au plus proche des équipes, comme dans la gestion des VPMA, « on rencontre des personnes qui nous parlent de leur quotidien de pompiers et moi ça me nourrit toujours un petit peu ; j’adore mon activité de pharmacien, je ne la changerais plus mais c’est vrai que quand vous avez gouté à  de l’opérationnel « classique », quand votre bip sonne à 4 h du matin pour une urgence vitale ou autre ; ce sont des moments forts, parfois touchants, qui vous rapprochent des « frères d’armes » avec qui vous intervenez …  Quand vous basculez dans une activité de pharmacien, il y a un peu de frustration, parce que du coup vous ne faites presque que de la gestion. Ce qui me tient le plus à cœur c’est quand je vais gérer les véhicules dans les deux casernes où je me rends régulièrement pour rencontrer des personnes qui me racontent leurs dernières opérations, c’est un p’tit truc qui alimente mon engagement, qui lui donne encore plus de sens, qui nourrit un peu de nostalgie aussi.

Sa vision de la fonction

Pharmacien chez les sapeurs-pompiers c’est un peu être ambassadeur d’une activité un peu différente, mais qui suscite toutefois de l’admiration tout autant que de la curiosité de la part des autres pharmaciens, qui méconnaissent ce secteur d’activités. Gaëtan considère son métier comme un métier très transversal où l’on peut faire de l’officine, de l’hospitalier, de l’industrie, de la répartition « tout est possible pour un pharmacien qui veut bien se donner la peine de voir autre chose que son activité de base. C’est une véritable richesse, qui est mise à l’honneur parmi les pharmaciens sapeurs-pompiers volontaires. Pharmacien officinal, pharmacien hospitalier ou pharmacien conseil de l’Assurance maladie. Nous avons tous des exercices différents, mais toutefois un engagement commun ». 

Ses projets

Pour le moment Gaëtan souhaite conserver son poste de remplaçant, cela lui permet d’avoir une certaine flexibilité afin de pouvoir se consacrer à 100 % à sa mission chez les pompiers et comme il le précise, « quand je m’engage dans une activité, je m’assure de pouvoir la remplir à 100 %, c’est comme ça que j’ai l’habitude de fonctionner ». Gaëtan envisage un jour, de basculer vers des fonctions d’enseignements, si l’occasion se présente. Il se consacre déjà une ou deux fois dans l’année à une formation auprès des étudiants infirmiers ; mais il aimerait que cette partie-là devienne un peu plus prépondérante, quitte à réduire un peu son activité de remplaçant en officine.

Les conseils de Gaëtan

Les personnes intéressées ne doivent surtout pas hésiter à contacter le pharmacien sapeur-pompier, l’Etat-Major du département dans lequel ils se trouvent, poser des questions, voir en quoi consiste l’activité de pharmacien de sapeur-pompier, quelles sont les missions aussi diverses que variées, qui donne du sens au diplôme de pharmacien. Au côté professionnel s’ajoute vraiment un engagement citoyen. « Ne pas hésiter, oser sauter le pas, poser des questions aux pharmaciens gérants et leurs adjoints. Qui sait ? Peut-être que ça donnera naissance à des vocations ou à des engagements qui n’auraient peut-être pas pu avoir lieu. Je ne me saurais jamais douté que rejoindre les sapeurs-pompiers m’aurait fait apprendre tant de choses. Prendre en charge une victime, « lire » un feu et comprendre comment il se « comporte », lorsque j’étais dans la filière « traditionnelle » des pompiers, ou encore appréhender les risques NRBC et comprendre l’organisation millimétrée d’un plan NOVI, depuis que je suis pharmacien sapeur-pompier. Mon engagement m’a, sans aucun doute, enrichi sur un plan personnel et professionnel », conclut Gaëtan.