BARBARA WELDENS – 13 et 14 octobre 2011
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Nous avons pu, grâce à nos infatigables hôtes Stella et François, accueillir et soutenir Barbara W., les 13 et 14 octobre 2011.
Y sommes-nous parvenus ? Jugez-en vous-même au message qu’elle vient de nous adresser, dimanche 16 octobre, à 14 heures 16.
En voici le texte :
« Bonjour à tous, Public et membres de tous mécènes… Me voici rentrée dans mon théâtre Fouzilhonnais, des rêves et des chansons plein la tête.
Je suis encore sur mon petit nuage tant j’ai apprécié l’écoute et la disponibilité dont vous avez fait preuve à mon égard. J’ai pu m’exprimer pleinement deux soirs de suite, j’ai pu être moi-même et faire ce que j’aime le plus au monde : CHANTER.
Après ce passage à TOULOUSE, riche en découvertes, en musique, en conseils de professionnels, en idées et en émotions, je rentre chez moi avec la conviction que je peux devenir chanteuse sans briser la « circassienne » que je suis déjà.
Oui, je n’y croyais pas il y a encore quelques jours, mais je peux être tout ça à la fois, c’est même une évidence en ce dimanche. Il est 14 h. 03 et ma petite vie s’illumine d’une joie supplémentaire…
Merci infiniment pour ces moments, je les garde en mon cœur précieusement. Maintenant je vous laisse et vous dis à très bientôt car mon piano, mon monocycle et mes cahiers m’appellent déjà ! »
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Nous redisons que notre envie est celle de donner de l’élan à ceux, musiciens, danseurs, comédiens, peintres, photographes, sculpteurs, performeurs, auteurs, poètes, écrivains, dont nous aimons l’expression artistique.
Beaucoup, immenses pourtant, demeurent dans l’ombre. Faute d’une rencontre. C’est un peu de lumière que nous proposons, voilà tout.
En ce sens, le message de Barbara est euphorisant.
Je pense à ceux d’entre vous qui n’ont pu se rendre disponibles pour partager l’une de ces deux soirées. J’ai tant de regrets pour eux ! Peut-on décrire Barbara W. ?
Elle est assez grande. Son visage est souligné d’un maquillage affirmé, maîtrisé au geste qui traduit l’habitude. Ses cheveux blonds sont tirés en arrière, autorisant ainsi que soit posé sur eux, en équilibre entre font et crâne, un minuscule chapeau noir, rond, bordé de plumes et de tulle noirs.
Il ne se voit pas qu’elle a peut être des timidités. Elle s’approche naturellement, franchement. Pas de poses. L’applaudit-on seulement à ce moment là ? Je ne sais plus. Je n’en suis pas sur. Nul, sauf quelques uns de vos serviteurs, ne la connaît, comme nul n’a jamais entendu ses chansons, ses paroles, sa musique.
Un soixantaine de chaises lui fait face. Aucune n’est vide.
Son piano électrique, léger, est placé bas sur son trépied : il est impossible de s’en faire un rempart. Barbara W. s’expose aux regards qu’elle affronte.
Elle a 29 ans. Elle est jolie.
Elle s’assoit devant son clavier, se déchausse et pose chacun des ses escarpins rose sur le piano, à chaque extrémité. La paire se fait face de la pointe, debout, touches de couleur portant leur opposition contrastée au noir du piano, au noir de la tenue de Barbara, au noir de son chapeau.
Nous avons oublié de l’interroger. Les escarpins sur le piano ? A chacun son idée. Moi, j’ai trouvé ça joli et gai.
Pas d’annonce. Les premières notes. Ses doigts de déplacent facilement sur une écriture sans difficulté majeure. Le toucher, sans soutien de pédale, est simple et sensible. L’accompagnement épuré, harmonique. Il sera rythmique aussi, support d’une voix qui s’invite.
Pour notre bonheur. Naturelle. Oh oui, naturelle ! Sans fard, belle et directe, aisée, fantasque parfois, cynique aussi, drôle souvent, mature. Ses effets ne sont pas des effets de chanteuse mais de comédienne. L’univers du cirque, son enfance, son histoire, ses inspirations, ses maîtres (Brel ?) planent et l’habillent.
Magique. Magicienne de l’écriture. Mais où, quand, comment a-t-elle appris ? « Approchez Mesdames et Messieurs, rien n’est fait pour vous effrayer, il suffit d’avancer là, un peu plus près… »
C’est ce que nous avons fait. Prudemment d’abord, expectatifs, incrédules pour certains, peut être. Pour peu de temps.
Voix, musique, texte. Une chimie qui ne demande, pour une fascination semblable à celle que peu procurer l’ébullition blanchâtre de la cornue, que de se parfaire au geste.
Le geste, chez Barbara W., c’est d’abord l’expression de son visage. Le cirque encore. Le théâtre. L’émotion, la gravité, la dérision, le sombre jusqu’à l’obscur, l’heureux, le drôle. Une palette.
Si l’œuvre de cette jeune femme est autobiographique, ce que je pense, c’est que nous ne savons rien de la vie.
Puis, lorsqu’elle l’a voulu, Barbara s’est interrompue pour, chevauchant le monocycle qu’elle avait posé près d’elle, nous proposer son adresse et son humour, en équilibre, à quelques centimètres des sièges des spectateurs. Pédalant en riant, un immense cerceau entre les mains, elle a présenté son « ventilateur » et sa « décapiteuse ».
Bref interlude hilarant, sidérant aussi. La partition est immense. Son bonheur d’être là, évident.
Le tour de chant a repris son cours. Captif d’une prestation d’autant plus inouïe qu’elle est marquée au sceau d’un sang neuf et d’une différence qui étaient difficilement imaginables, le public s’est laissé gagner, imprégner de textes riches, aboutis, beaux, doux et durs. L’attention, la tension parfois, était totale. Exclusive.
Barbara serre les paroles de ses chansons dans des cahiers d’écolier.
La tentation pourrait être grande d’y glisser un regard. Ce serait dommage. Les chansons de Barbara WELDENS peuvent s’émanciper d’elle. Certaines tournent déjà dans nos têtes, lancinantes : « Reste, sens tu comme j’ai eu mal sans toi (I use to dream) ». Mais Barbara est un tout. Une entité. Epanouie.
Elle avait raison, provocatrice, de nous dire qu’elle n’est ni chanteuse, ni pianiste, ni auteure : cette intrigante et malicieuse affirmation a rendu nos mécènes curieux. Il n’était pas si évident d’aller à la découverte d’une inconnue.
Oui, je pense à ceux qui n’ont pas vécu cette aventure avec nous. Le lien ci-dessous ne compensera ni la rencontre humaine qui n’a pas eu lieu, ni les instants merveilleux que nous avons connus.
Mais il est placé là pour vous, absents de nos soirées, de la part de Barbara qui ne vous en veut pas de l’avoir crue !
Qui peut douter d’elle ?
Sidne Crinchabou
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