La lettre n°74Vie de l'association

Intervention de Florence Mazerat, directrice Générale

Oh capitaine, mon capitaine,

C’est bien comme capitaine du navire Chevreul que le bulletin municipal de février 2011 traçait de toi un portrait juste, sensible et chaleureux.

Assemblée générale de Concorde, le 22 mai 2017

Oui, Sylvain tu as bien été le capitaine du navire Chevreul mais aussi capitaine d’une équipe de football, une autre de tes passions.

Retracer ton parcours professionnel, depuis 27 ans que tu es dans la flotte de Concorde, n’est pas une mince affaire,

Le 1er septembre 1993 tu es arrivé à Chevreul en qualité d’éducateur, mais en juillet 1998, tu fugues deux ans et demi, prendre l’air à Nice.

De retour au bercail en janvier 2001,  tu rejoins le foyer Perdrigé jusqu’au 1er avril 2006.

Gérard Pringault, alors Directeur Général, te nomme chef de service de la maison mère Chevreul où tu resteras jusqu’à aujourd’hui, tout en y prenant de nouvelles responsabilités, puisque tu seras successivement directeur-adjoint en 2010 et directeur le 1er  septembre 2012.

Durant 14 ans après avoir été matelot, puis quartier maître, tu as bien été depuis 8 ans le capitaine du navire Chevreul.

Dans ton interview au bulletin municipal, tu disais et je te cite : « nous ne sommes que de passage… » et c’est tellement vrai.

La réalité nous a rattrapés.

Mais dans ce long passage de 25 ans cumulés, tu as œuvré corps et âme au service des jeunes et des personnels, toujours avec la même passion, l’éducation des jeunes ; très engagé, militant pour servir cette juste cause.

Tous les jeunes ne peuvent être présents aujourd’hui avec toi, car l’église serait trop petite pour tous les accueillir et pour le coup, en cette période d’urgence sanitaire, les distances ne seraient pas respectées.

Mais revenons à toi.

Tu as fait énormément pour que les jeunes qui nous sont confiés puissent avoir les mêmes chances que tous les autres et qu’ils soient finalement considérés comme n’importe quel autre jeune.

Je ne vais pas faire ici l’inventaire de toutes tes initiatives, car nous y serions encore demain matin, mais je vais en citer deux.

Tu as mis en place le permis de conduire pour les jeunes, car pour toi c’était essentiel pour leur devenir. Leur permettre de sortir de la maison honorablement avec un travail, un toit, un permis de conduire pour qu’ils deviennent des citoyens, des hommes libres de penser et capables de faire des choix. Telle était ton ambition pour eux.

Tu as accueilli la fête des voisins car pour toi, nous y avions une place. Chevreul a remporté plusieurs années consécutives le prix de l’organisation de cette fête. C’est à toi que cela revient, c’est toi qui as œuvré pour ouvrir les portes de la maison vers l’extérieur. Et tu as eu raison, puisque les autres maisons ont suivi cette belle initiative les années suivantes.

Tu as exercé ton métier avec passion, une douce autorité, une bonhomie et une bonne humeur légendaires.

Tous nos partenaires du secteur associatif reconnaissent ces traits de caractère. Ta présence au GRESA*, à l’ADC** fut l’occasion de vrais moments de complicité et d’éclats de rire. Tous s’en souviennent à lire les témoignages de ces derniers jours.

Avec tes collègues, ton équipe, tu as été un formidable collaborateur. Tu as toujours été attentionné, prêt à te mettre en quatre pour rendre service.

Au début de la semaine dernière, tes collègues directeurs et chefs de service me faisaient part de leur ressenti, en te perdant. Vous aviez formé un noyau, je dirai un noyau d’abricot eu égard à ton côté jovial, rieur. Et bien aujourd’hui, ce noyau dans lequel je m’inscris s’est fissuré et nous en avons perdu un bel éclat.

Alors je compte sur toi, de là où tu es, pour leur donner, pour nous donner, un petit coup de main pour que nous puissions traverser cette épreuve et nous donner l’envie, la force de continuer, toutes voiles dehors.

Nous avons été largement éprouvés ces derniers temps, et sans toi, ce sera plus difficile.

La famille Concorde perd une nouvelle fois un des siens.

Je pourrais encore et encore dire beaucoup de choses mais le temps m’est compté.

Alors sache que ton navire résiste à la tempête car tu l’as confié à Stéphane Martin, qui a été ton matelot et qui sera à la hauteur de la mission que tu lui as confiée,  j’en suis sûre.

Nous pensons très fort aussi à Sandrine ton épouse, tes enfants Mathis, Bastien, et Enzo à qui il faudra beaucoup de courage, mais ils en ont, et font face, pour surmonter ton absence. Je suis sûre que tu veilleras sur eux avec tout ton amour.

En nous quittant en pleine crise sanitaire, pensais-tu, avec ton imperturbable sens de l’humour,  partir à la cloche de bois ou filer à l’anglaise ?

Et bien c’est loupé. Tous réunis ici, famille, amis, famille de Concorde, nous sommes là, fidèles à l’homme que tu étais pour te rendre un hommage si mérité.

Mon Sylvain, tu t’es battu contre la maladie durant onze mois et nous espérons que maintenant tu es en paix. Ton rire si communicatif et si reconnaissable résonnera encore longtemps dans nos esprits et dans nos cœurs.

Alors comme le capitaine que tu étais, nous te laissons voguer et te demandons de veiller sur nous, ici tous réunis, avec ton éternelle bienveillance.

Bon voyage nous t’embrassons très très fort.

 

* Groupement de Recherche et d’Etudes du Secteur Associatif

** Association de Directeurs, cadres de direction du secteur social, médico-social et sanitaire