La lettre n°63Vie de l'association

Solidarité, tolérance, respect mutuel, écoute, exigence éducative au cœur des choix de Concorde.

Pour la seconde année, le foyer Marie-Foilaine Desolneux de Coubron accueillait plus de trois cents invités, adhérents toujours plus nombreux, amis, multiples partenaires et fournisseurs aux côtés des autorités publiques qui nous soutiennent et nous assurent de leur confiance et, bien sûr, les personnels et les jeunes. Placée sous la présidence de Madame Madeleine Mathieu, ancien juge des enfants de Bobigny, présidente de cours d’assises à la cour d’appel de Paris, cette réception a été portée par la conviction d’intervenants en phase avec un public attentif et conscient de la grande qualité de l’action éducative de Concorde. Après les discours, les discussions se sont poursuivies autour des buffets. Les cadres au grand complet, de nombreux éducateurs, personnels techniques et administratifs, des jeunes, s’étaient rendus disponibles pour accueillir les invités et témoigner de la cohésion et des valeurs que défend l’association. Nous publions de larges extraits des allocutions prononcées. Alain Junqua, Président de Concorde : « L’Association Concorde qui entre dans sa quarante sixième année d’existence vous remercie d’avoir bien voulu répondre à notre invitation. J’y vois une reconnaissance du travail accompli, une envie de la part de tous de poursuivre le chemin tracé ensemble depuis aussi longtemps. Je vous adresse à toutes et à tous mes vœux les plus sincères et très chaleureux d’heureuse nouvelle année. Je souhaite que nous sachions tous, et tout particulièrement ceux et celles qui sont investis de missions éducatives, y œuvrer dans la solidarité, la tolérance et le respect mutuel. Je souhaite, aussi, à tous nos jeunes, qu’avec l’accompagnement attentif et vigilant et la patience de leurs éducateurs, ils tirent le meilleur profit pour eux de leur séjour dans les foyers Concorde et les quittent plus forts et déterminés, maîtres de leur vie, c’est-à-dire libres, responsables, utiles à une société qui
sache leur faire une juste place à la mesure de leur capacité et de leur volonté à s’y intégrer. C’est la vocation de l’association Concorde de les y aider et de les préparer, c’est, je le sais, l’engagement de tous nos salariés d’y parvenir. Je veux, cette année plus que jamais, dire la difficulté de la tâche des éducateurs d’être à l’écoute permanente des garçons et des filles qui vivent auprès d’eux, de demeurer quoi qu’il arrive dans un dialogue constant et constructif notamment dans les périodes troublées comme celles que nous venons
de vivre, de rappeler sans cesse les valeurs qui doivent nous unir et, s’il y a lieu, avec la fermeté qui convient, les règles qui confortent les institutions publiques ou privées et permettent ce « vivre ensemble » dont il a été tant question et à juste titre ces dernières semaines. Au cours de l’année 2014, ce ne sont pas moins de dix-huit nationalités qui se sont côtoyées dans nos établissements, et beaucoup de ces jeunes, parfois fracassés par la misère, la guerre, de longs périples dangereux, nous étonnent par leur extraordinaire capacité d’adaptation et d’apprentissage de la langue française. « Vivre ensemble » Concorde peut s’enorgueillir d’en avoir fait depuis longtemps l’une de ses valeurs fondatrices.
L’année 2014 a été marquée, comme toutes les autres, par de nombreuses satisfactions, des difficultés de tous ordres, des projets, des rencontres. Au nombre des satisfactions, celle de voir des jeunes quitter l’institution au terme d’un parcours favorable, souvent de plusieurs années, qui parfois de façon très émouvante disent merci, d’en voir qui réussissent leurs examens et construisent des projets d’avenir, d’en revoir qui sont partis mais reviennent et ne se décident pas à couper le lien…

Les difficultés vous les imaginez sans peine mais certains moments sont plus durs que d’autres :  des accidents, des deuils, des échecs, des critiques injustes qui mobilisent la communauté éducative et aussi les jeunes, comme une façon de resserrer les rangs, de se rassurer… Les projets, il y a ceux qui aboutissent et ceux qui se préparent toujours : le changement de notre siège administratif au profit de locaux modernes au mois de septembre grâce à la communauté d’agglomération de Clichy-Montfermeil dont je tiens à remercier le Président, Monsieur le Maire de Montfermeil ; le regroupement sur un même site de nos ateliers scolaires et autres activités de jour, fréquentés par ceux de nos jeunes non encore scolarisés ; la concrétisation du dispositif d’accueil personnalisé, toujours expérimental depuis cinq ans, en véritable service autonome, bénéficiant de son propre agrément, pour lequel nous nous préparons, forts de notre expérience, à
répondre au futur appel d’offres du département, dispositif qui nous a créé bien des soucis mais qui aujourd’hui a trouvé son équilibre, notamment financier…
Les projets à venir, bien sûr, nous en avons en commençant par la création d’un appartement familial permettant à des parents qui ne disposent pas de conditions suffisamment satisfaisantes au plan matériel pour accueillir leurs enfants en visite, de le faire. Bien sûr, nous poursuivons notre idée de créer un restaurant pédagogique d’insertion qui répondrait aux attentes de bon nombre de nos jeunes qui souhaitent s’orienter vers les métiers de la restauration. Un projet, institutionnel celui-là, nous tient spécialement à cœur : obtenir la reconnaissance d’utilité publique. Nous y travaillons et comptons déposer cette année notre candidature auprès des services de l’Etat. Enfin, les rencontres, c’est d’abord celle de l’Association Métabole qui s’est concrétisée en présentant un projet commun concernant l’accueil personnalisé, c’est aussi l’association Vivre Ensemble du Mans avec laquelle nous avons monté un séjour de rupture au Sénégal. C’est, enfin, la découverte d’un établissement très spécialisé en Belgique qui accueille depuis quelques mois un de nos jeunes pour lequel nous ne répondions plus à ses besoins très spécifiques… Souvent, trop souvent même, les structures et donc le siège administratif et la direction générale, sont en surchauffe. Cela m’inquiète légitimement mais la conscience professionnelle des uns et des autres et leur enthousiasme sont tels qu’il est vain de les rappeler à la raison. Sans doute se sont–ils
appropriés ce qu’affirmait une poétesse chilienne, Gabriella Mistral : « L’enfance ne peut pas attendre, son nom est aujourd’hui. »

Pour Florence Mazerat, Directrice générale,

« L’année 2014, a été riche en actions et entièrement tournée vers le service des jeunes. Elle a été marquée par le déménagement du Service Administratif Général. Au regard de notre activité, il était incontournable de s’agrandir. L’évaluation interne qui s’était déroulée tout au long de l’année 2013 a permis de vérifier la qualité du travail éducatif, de s’inscrire dans une dynamique institutionnelle, de travailler ensemble. Le pré-rapport de l’évaluation externe que nous venons de recevoir nous situe dans la fourchette haute pour notre qualité d’accompagnement. Il nous est parvenu au moment où les événements dramatiques survenus le 7 janvier dernier nous rappellent que, plus que jamais, les valeurs de notre association doivent être réaffirmées. Vous les jeunes, avez témoigné de votre satisfaction lors des deux périodes d’évaluation tant au regard de votre quotidien que de l’accompagnement des adultes qui vous entourent. Cela témoigne bien du fait que nos valeurs, notre conception du Vivre Ensemble correspondent à vos besoins. 2015 sera, je l’espère, l’année des projets malgré les contraintes financières. La transformation du DAP en groupement METADAP avec l’association Métabole nous permettra de répondre à l’appel à projet, qui ne devrait plus se faire attendre. 18 jeunes sont accompagnés sur ce service. La Reconnaissance d’Utilité Publique nous permettrait de déposer des dossiers de demandes de subventions auprès de différentes fondations afin de financer des actions éducatives dont le permis de conduire des jeunes, outil indispensable pour l’accès à l’emploi et impératif pour certains. Je voudrais adresser mes remerciements à mes proches collaborateurs, Yann Chatelin et Sandrine Baillergeant qui tout au long de l’année m’ont supportée dans les deux sens du terme ; à l’équipe des cadres, qui m’a épaulée en fournissant un travail de qualité tout à fait remarquable ; à l’ensemble des personnels éducatifs, administratifs et généraux, sans qui l’association ne fonctionnerait pas et qui chaque jour témoignent de leur engagement. Un immense merci au Président et au conseil d’administration pour leur implication sans faille et leur soutien indéfectible. Je tiens particulièrement à saluer et remercier l’équipe des cuisiniers, qui une fois de plus saura vous surprendre par la qualité et la nouveauté du buffet. Un grand merci aux techniciens de maintenance qui travaillent tout au long de l’année à l’embellissement des établissements. »

Exprimant sa joie de célébrer ici, sous le signe de l’espoir en la jeunesse, la nouvelle année qui s’ouvre, après les tragédies qui en ont marqué le début, Madame Mathieu déclarait notamment :

« Le préambule de l’ordonnance du 2 février 1945 affirme la primauté de l’éducatif et l’engagement de notre société pour la protection de la jeunesse. Comme j’ai pu le vérifier depuis de nombreuses années, d’abord en tant que juge des enfants en Seine-Saint-Denis à partir de 1990 puis au sein de la direction de la protection judiciaire de la jeunesse, votre action s’inscrit dans cette conviction et vous avez toujours répondu présents lorsqu’un jeune en difficulté avait besoin d’un accueil et d’un soutien. Lorsque j’ai quitté la DPJJ, nous venions d’engager, entre autres, des démarches d’évaluation et de partage des bonnes pratiques ainsi que des actions afin de mieux coordonner les services, afin de répondre plus efficacement et plus rapidement aux demandes de prise en charge. Mais elles ne seraient rien sans l’engagement des professionnels de terrain que vous êtes. Mes nouvelles fonctions de présidente de cours d’assises me permettent de mesurer combien l’enjeu est important, à quel point l’enfance et l’adolescence ont besoin d’être soutenues lorsqu’elles sont en grande difficulté dans leur environnement familial ou social, mais aussi que la notion de résilience est bien réelle et que des évolutions spectaculaires que l’on n’espérait pas ou plus, y compris chez des adultes, peuvent se produire. J’espère que les dramatiques évènements de janvier ne feront pas oublier que l’autorité ne se décrète pas, qu’elle est légitime ou qu’elle n’est tout simplement pas. Votre association est l’une des réponses à la souffrance adolescente. Je tiens à saluer son Président, M. Junqua qui était président du tribunal pour enfants de Bobigny lorsque j’y ai pris mes fonctions, M. Pringault, son ancien directeur, avec lequel j’ai eu le plaisir de travailler ainsi que Mme Florence Mazerat qui a repris le flambeau avec talent et que je remercie de son accueil. La seconde raison de l’émotion et du plaisir que j’ai d’être parmi vous aujourd’hui, est le nom même du foyer dans lequel nous nous trouvons. Marie-Foilaine Desolneux fut ma collègue et amie. Je tiens aussi à saluer sa mémoire. Je terminerai en vous souhaitant à tous une belle année 2015, et en remerciant également tous les jeunes ici présents pour leur contribution à la préparation de cette rencontre. »

Monsieur Ludovic Toro, Maire de Coubron, a tenu à exprimer sa satisfaction de la présence d’un foyer de l’Association Concorde sur sa commune :

« Je voulais par ma présence aujourd’hui, saluer le travail délivré par tous les acteurs qui contribuent et qui ont contribué à la réussite des foyers Concorde et tout particulièrement sur la ville de Coubron. Au-delà de votre belle et noble mission, votre engagement à tous les niveaux est exemplaire. Après mon élection, vous avez été une des premières structures que j’ai souhaité visiter en présence de votre Président et de votre nouvelle Directrice pour vous signifier mon attachement et mon engagement à vos côtés. Comme vous le savez par ma profession de médecin, je reçois régulièrement des jeunes de votre foyer et je peux témoigner du sérieux de votre établissement et surtout du passé de ces jeunes venant de tous pays qui méritent cette main tendue et cette aide pour construire un nouvel avenir. Leurs souffrances ont souvent été lourdes et c’est un vrai plaisir de voir leur réussite. D’ailleurs, je tiens à souligner que la municipalité a engagé des jeunes du foyer concorde de Coubron et que nous sommes entièrement satisfaits de ces personnes. Le passé peut être cruel, vous construisez à ces jeunes un présent et surtout un avenir. »