La lettre n°65

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La lettre n°65Vie de l'association

Vœux 2016

Détermination, gravité, enthousiasme, une démarche au service des valeurs de Concorde

La maison d’enfants Marie-Foilaine Desolneux de Coubron accueillait cette année encore les nombreux adhérents, amis et partenaires de Concorde. Placée sous la présidence d’honneur de Madame Sylvie Croquin, ancienne magistrat du parquet en charge du parquet des mineurs de Bobigny, cette cérémonie des vœux 2016 a porté haut et fort les valeurs de Concorde. Les interventions – dont vous trouverez ci-après de larges extraits -, empreintes de gravité, affichaient la détermination de l’association à défendre le vivre ensemble comme une réponse à la barbarie qui s’est déchainée en 2015. Les cadres, de nombreux personnels, avaient tenu à être présents pour affirmer de manière visible qu’ils faisaient front, que Concorde est bien une association d’Education et de Protection. Les nombreux invités qui se sont pressés pendant près de trois heures, ont eu l’occasion de partager leur enthousiasme tant avec les salariés, les membres du conseil d’administration, qu’avec des jeunes de différentes maisons, visiblement heureux, eux aussi, d’être là.

Ainsi, le Président Alain Junqua déclarait notamment :

« L’année 2015 se sera achevée aussi mal qu’elle avait commencé avec les évènements tragiques que nous connaissons. Les débats sociétaux qui s’ensuivent peuvent laisser le sentiment de s’éloigner parfois de la volonté d’unité et de fraternité. « C’est la fraternité qui sauvera la liberté » disait Victor Hugo. La sécurité fait partie de nos droits fondamentaux et la liberté également, espérons que nous saurons conjuguer les deux. En attendant, il faut vivre et faire vivre nos institutions. La tâche de nos éducateurs est encore plus complexe et délicate. Ils se posent des questions sur leur rôle, leur capacité à agir et à faire, sur ce qu’ils peuvent et doivent dire et ce qu’il ne faut pas dire si ce n’est avec retenue et réserve. Au cours de l’année 2015, plus de cent cinquante jeunes de vingt-huit nationalités se sont côtoyés dans nos établissements. La plupart ont vocation et aspirent à faire leur vie en France. Ce devrait être source d’enrichissement mutuel de tous et nous devons veiller à ce que cela ne devienne pas motif de perturbation et de discorde ! C’est le principal souhait, qu’en ce début d’année, je formule. Le bien vivre ensemble passera par l’éducation, l’insertion et la promotion sociale. C’est là toute notre mission associative, c’est aussi une mission citoyenne et nous entendons la poursuivre au service de tous les jeunes qui nous seront confiés. Concorde est une petite communauté au cœur de la Seine-Saint-Denis. Elle est fière de ses valeurs qu’elle veut voir perdurer, cependant elle reste fragile sans la volonté de ses personnels d’œuvrer dans la solidarité, la tolérance et le respect mutuel au service bien compris de tous les jeunes quels qu’ils soient. Et c’est bien naturellement que mes vœux d’heureuse nouvelle année leur sont d’abord adressés.

 

L’année 2015 à Concorde a été marquée par de nombreuses satisfactions, des difficultés de tous ordres, des projets, des rencontres. Les satisfactions, bien sûr, de voir des jeunes quitter notre institution au terme d’un parcours réussi, d’en voir de nombreux dont les efforts et le sérieux sont couronnés de succès dans leur scolarité ou leur apprentissage…

Des difficultés avec ceux que les graves troubles du comportement et de la personnalité et une histoire familiale faite de violences, de ruptures voire d’abandon, rendent inaptes à la vie collective et pour lesquels des solutions très individualisées sont à trouver. Au nombre des projets aboutis, je voudrais citer la reconnaissance officielle de notre dispositif d’accueil personnalisé qui bénéficie désormais de son autonomie, d’un personnel dédié et d’une direction propre. Il continuera de fonctionner en étroit partenariat avec l’association Métabole qui nous apportera son savoir-faire et son expérience en psychologie clinique. Je me dois de féliciter ceux qui depuis six ans portent ce projet à bout de bras sans jamais se décourager et en témoignant d’une énergie sans faille : Florence Mazerat, Yann Chatelin et Kader Akbal.

Autre projet : l’appartement des familles. Destiné à permettre le rapprochement de fratries et la rencontre de parents démunis avec leurs enfants, il est très souvent occupé. C’est un véritable progrès !

D’autres évoluent plus lentement comme la création d’un restaurant d’insertion ou, dans un autre ordre d’idée, la reconnaissance d’utilité publique.

Et puis, il y en a un qui va connaitre son épilogue dans le courant de l’année 2016, c’est celui de la fusion de Concorde avec l’association La Caravane de Villemomble qui accueille des enfants, garçons et filles, plus jeunes qu’à Concorde, dès l’âge de cinq ans. C’est une belle et ancienne institution et je salue la présence ici de la Présidente de l’Association, Madame Anne-Marie Dusseaux, accompagnée de son équipe de direction.

Au rang des projets à venir, il y a aussi celui de réorganiser l’accueil d’urgence de jeunes sur nos différentes structures. L’idée est de créer une « plateforme » commune où sera pris le temps d’apprécier la pertinence du placement et de préparer, dans l’affirmative, l’orientation sur l’un de nos établissements dans le calme et la sérénité, voire exceptionnellement à l’extérieur de l’association.

Je renouvelle à notre directrice générale tous mes vœux de réussite dans sa mission difficile et exaltante, je ne doute pas qu’elle les partagera avec tous ceux qui concourent au bon fonctionnement de l’association et à sa renommée.

Un merci tout particulier à la Maison Marie-Foilaine Desolneux qui nous accueille aujourd’hui, à sa directrice et à l’ensemble de ses salariés ainsi qu’aux ouvriers d’entretien et aux jeunes qui ont contribué à l’organisation de cette journée. Bien sûr, un grand merci à tous nos cuisiniers qui, ensemble, ont réussi le défi de confectionner un cocktail pour plus de deux cents personnes.

Je voudrais saluer la présence de Madame la Directrice Territoriale de la Protection Judiciaire de la Jeunesse de Seine-Saint-Denis, qui vient d’être promue Sous-préfète de Château Chinon.

Sylvie Croquin, chère collègue et amie, soyez chaleureusement remerciée d’avoir accepté de présider notre cérémonie. Nous nous sommes connus au Tribunal de Grande Instance de Bobigny en 1988, j’y arrivais comme président du Tribunal pour Enfants, vous étiez alors magistrat du parquet en charge du parquet des mineurs. Nous avons, dès lors, travaillé ensemble dans des fonctions certes différentes mais nécessairement complémentaires. Votre engagement personnel, votre capacité à appréhender au mieux les problématiques des jeunes, votre ouverture d’esprit ne pouvaient être qu’autant de gages de votre réussite dans ce service si particulier. Toujours très active, vous ne vous êtes jamais éloignée du monde judiciaire que vous continuez à servir.

Merci donc, Chère Madame, et d’ici quelques instants nous aurons le plaisir de vous écouter.

Pour Florence Mazerat, Directrice générale, l’année 2015 a été éprouvante mais, à aucun moment, nous n’avons baissé les bras, bien au contraire.

Nelson Mandela disait : « l’éducation est une arme puissante pour faire évoluer les mentalités et transcender les différences et participe à créer une société plus juste et fraternelle ». Aussi, nous avons osé, construit, sans jamais renoncer.

Cela fait maintenant 3 ans que j’ai pris mes fonctions de directrice générale. C’est une période suffisante pour vérifier que j’ai la chance inouïe d’être très bien entourée, avec des équipes très investies.

Le METADAP, notre dispositif d’accueil pour les jeunes en très grandes difficultés, a été retenu pour 25 places ; j’adresse tous mes vœux de réussite à Toufik Oukaci, Directeur et à Jacques Jouana, Coordinateur.

Je souhaite également une bonne prise de fonction à Monsieur Djamel Dali Ahmed, nommé Chef de service éducatif de la maison Aristide Briand.

2015 a été marquée par le nombre exponentiel de demandes d’accueil en urgence. Nous avons proposé au Conseil Départemental la création d’un Service d’Accueil d’Urgence de 6 places afin de permettre un accueil dans de bonnes conditions sur les maisons d’enfants et autres dispositifs d’accompagnement. Nous sommes en phase de négociations pour officialiser ce service et établir un prix de journée dédié.

Toutes les conditions semblent réunies pour finaliser avant la fin de l’année la fusion-absorption de l’association « La Caravane ». Pour un autre projet qui me tient à cœur, celui du restaurant pédagogique, nous sommes en lien avec la mairie de Montfermeil. Espérons qu’il pourra voir le jour fin 2016.

Les vœux sont l’occasion d’avoir le plaisir d’adresser des remerciements :

– aux équipes éducatives qui œuvrent chaque jour auprès des jeunes, sans relâche avec ténacité et bienveillance ;

– aux services administratifs qui, avec une énergie constante, nous supportent au quotidien tout en assumant leur tâche avec un grand professionnalisme ;

– aux services généraux et techniciens de maintenance qui œuvrent sans relâche auprès des établissements ;

– à l’équipe de cuisiniers qui, tous les ans, se mobilise et se surpasse et qui, à nouveau, vous surprendra aujourd’hui ;

– à mes proches collaborateurs, Yann Chatelin et Sandrine Baillergeant, à toute mon équipe de cadres, pour qui l’année a été particulièrement éprouvante et dense.

Merci au Président et au Conseil d’administration, aux adhérents qui suivent avec la plus grande attention le rythme soutenu de notre belle association.

Merci aux collègues, partenaires, amis. Chaque année par votre présence, vous témoignez de votre fidélité.

Je voudrais adresser toutes mes sincères félicitations à Madame Higinnen, Directrice territoriale de la PJJ, pour sa nomination en qualité de Sous-Préfète à Château Chinon. Nous vous adressons tous nos vœux de réussite. Vous manquerez à notre département. Enfin, je souhaite à chacun d’entre vous le meilleur pour 2016, plus convaincue que jamais que notre force de conviction, notre énergie et nos valeurs partagées sont autant d’atouts pour garantir le droit des enfants et des jeunes dont nous nous occupons, qui nous occupent et nous préoccupent.

 

Intervention de Madame Sylvie Croquin

Nous sommes en 1791. La France se dote de nouvelles institutions dont le fonctionnement est organisé dans la Constitution qui sera adoptée le 13 septembre 1791 et s’oriente vers un régime de monarchie constitutionnelle. Dans ce climat d’intense activité des constituants, l’assemblée va voter entre le 25 septembre et le 10 octobre 1791 le premier Code Criminel. Il est important de constater que le titre V est consacré à l’influence de l’âge des condamnés sur la nature et la durée des peines ; que les 4 premiers articles du titre sont en réalité consacrés aux mineurs et qu’il s’agit de la première fois. En effet le texte clarifie la détermination de la minorité pénale qui est fixée à 16 ans ainsi que la notion de discernement ; il offre la possibilité au juge de prononcer des peines atténuées. Dans son article 1er. il est prévu de poser la question suivante : « le coupable a-t-il commis le crime avec discernement ? » Si la réponse est non (article 2), le mineur est acquitté ; il peut aussi être remis à ses parents ou placé dans une maison de correction. Si la réponse est oui (article 3), la peine de mort est commuée en 20 ans de détention dans une maison de correction ; les autres peines peuvent également être atténuées. L’évolution du droit des mineurs ne cessera plus ; en 1814 on construit des prisons d’amendement ; en 1906 la majorité pénale est définitivement fixée à 18 ans. Le 12 juillet 1912, le principe de l’irresponsabilité pénale du mineur de 13 ans va être mis en place ; les mineurs de 13 à 18 ans seront jugés par une formation spéciale à l’origine du tribunal pour enfants ; des enquêtes sociales et familiales pourront être ordonnées ; des mesures de liberté surveillée pourront accompagner le mineur et l’aider jusqu’à sa majorité fixée à l’époque à 21 ans. L’ordonnance du 2 février 1945 constitue le fondement du droit applicable aux mineurs ; nous en connaissons tous les grands principes et, 70 ans après, demeure sa vocation à faire bénéficier le mineur de mesures essentiellement éducatives et destinées à l’ouvrir sur un vrai projet de vie ; cette orientation reste sa marque et sa profonde originalité à l’époque. Elle fait du juge des enfants le juge d’instruction, le juge de jugement, le juge du suivi éducatif ; il préside le tribunal pour enfants ; il devient pour le mineur et nous l’avons tous vécu sa quasi propriété ; il est « son » juge. L’ordonnance de 45 figure au Code pénal ; elle régit l’enfance dite délinquante et le traitement qui doit lui être réservé. L’ordonnance du 23 décembre 1958 régit l’enfance en danger sous tous les aspects qu’elle peut revêtir sachant qu’un même mineur peut souvent relever de deux situations : être délinquant et en danger et que le juge des enfants sera celui qui prendra les mesures éducatives et les mesures de protection. D’autres mesures sont annoncées face aux changements profonds qui se manifestent chez nos plus jeunes et qui légitimement préoccupent tous les professionnels. Les deux principes fondamentaux doivent toujours guider les décisions à prendre : mesures éducatives pour le mineur délinquant ; mesures de protection pour le mineur en danger. La Convention des droits de l’enfant du 20 novembre 1959 a fait de la recherche de l’intérêt supérieur de l’enfant une priorité absolue y compris dans les conflits familiaux parfois douloureux ou dans des instances civiles posant des questions d’éthique et de principe de société. A mon arrivée à Bobigny, le procureur de l’époque m’affectait au Parquet des Mineurs ; j’y suis restée plusieurs années, j’en ai assuré la direction. J’ai donc eu largement la possibilité d’estimer l’importance du rôle de ce Parquet qui était le premier de France tout en souffrant de difficultés liées au particularisme du département, à celles des familles et à nos propres insuffisances de moyens. C’est bien dans la difficulté que précisément se révèlent les talents, les dévouements, les engagements, la pugnacité ; j’ai alors fait la connaissance des Foyers Concorde et je n’ai jamais cessé d’expliquer, chaque fois que j’en avais l’occasion, l’apport de leur contribution, leur richesse dans l’aide à l’accueil des mineurs et à leur accompagnement. Les foyers Concorde savent mettre en œuvre la chaleur dans l’accueil de tous, le dialogue, les projets mais aussi les exigences et la fermeté. Les foyers Concorde, ce sont des équipes soudées et enthousiastes qui jamais ne renoncent à leurs objectifs ; ce sont des éducateurs avec leur personnalité riche d’une expérience et forts de leur engagement ; ce sont également les relations avec les communes et la recherche de vrais partenariats ; ce sont des personnalités qui ont marqué leur implantation ; ce sont des dirigeants qui poursuivent leur action, Mme Mazerat qui a repris avec succès une tâche difficile et tous les autres. Aujourd’hui, je me suis sentie honorée de pouvoir assurer la présidence de cette journée placée sous le signe de la convivialité et du partage. Il n’est pas possible, en ce début d’année, de ne pas avoir à l’esprit les terribles événements que la France a connus et qui, pour les premiers, avaient déjà marqué le début de l’année passée ; ils nous touchent d’autant plus que certains jeunes se trouvent irrésistiblement attirés par ce piège mortel d’adhésion à une idéologie mortifère. Je dois aussi avouer que rien n’arrive à me détacher dans l’immédiat de la justice ; présidence de commissions d’aide juridictionnelle à Nanterre et Bobigny ; CIVI (Commission d’Indemnisation des Victimes d’Infractions) à Bobigny ; présidence d’audience du tribunal des Affaires de Sécurité Sociale à Nanterre ; actions de formation à l’ENM Paris (Ecole Nationale de la Magistrature) des juges de proximité ; j’ai la chance d’aimer ce que je peux encore faire et de maintenir les liens avec tous les anciens et surtout ceux de Bobigny. C’est donc avec cette conclusion positive que je vous présente à tous des vœux de réussite, de santé, d’épanouissement et pour les foyers Concorde, une belle 47ème année de développement de leurs activités notamment dans la mise en place de nouveaux types d’accueil.

 

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Intervention de Madame Sylvie Croquin

Nous sommes en 1791. La France se dote de nouvelles institutions dont le fonctionnement est organisé dans la Constitution qui sera adoptée le 13 septembre 1791 et s’oriente vers un régime de monarchie constitutionnelle. Dans ce climat d’intense activité des constituants, l’assemblée va voter entre le 25 septembre et le 10 octobre 1791 le premier Code Criminel. Il est important de constater que le titre V est consacré à l’influence de l’âge des condamnés sur la nature et la durée des peines ; que les 4 premiers articles du titre sont en réalité consacrés aux mineurs et qu’il s’agit de la première fois. En effet le texte clarifie la détermination de la minorité pénale qui est fixée à 16 ans ainsi que la notion de discernement ; il offre la possibilité au juge de prononcer des peines atténuées. Dans son article 1er. il est prévu de poser la question suivante : « le coupable a-t-il commis le crime avec discernement ? » Si la réponse est non (article 2), le mineur est acquitté ; il peut aussi être remis à ses parents ou placé dans une maison de correction. Si la réponse est oui (article 3), la peine de mort est commuée en 20 ans de détention dans une maison de correction ; les autres peines peuvent également être atténuées. L’évolution du droit des mineurs ne cessera plus ; en 1814 on construit des prisons d’amendement ; en 1906 la majorité pénale est définitivement fixée à 18 ans. Le 12 juillet 1912, le principe de l’irresponsabilité pénale du mineur de 13 ans va être mis en place ; les mineurs de 13 à 18 ans seront jugés par une formation spéciale à l’origine du tribunal pour enfants ; des enquêtes sociales et familiales pourront être ordonnées ; des mesures de liberté surveillée pourront accompagner le mineur et l’aider jusqu’à sa majorité fixée à l’époque à 21 ans. L’ordonnance du 2 février 1945 constitue le fondement du droit applicable aux mineurs ; nous en connaissons tous les grands principes et, 70 ans après, demeure sa vocation à faire bénéficier le mineur de mesures essentiellement éducatives et destinées à l’ouvrir sur un vrai projet de vie ; cette orientation reste sa marque et sa profonde originalité à l’époque. Elle fait du juge des enfants le juge d’instruction, le juge de jugement, le juge du suivi éducatif ; il préside le tribunal pour enfants ; il devient pour le mineur et nous l’avons tous vécu sa quasi propriété ; il est « son » juge. L’ordonnance de 45 figure au Code pénal ; elle régit l’enfance dite délinquante et le traitement qui doit lui être réservé. L’ordonnance du 23 décembre 1958 régit l’enfance en danger sous tous les aspects qu’elle peut revêtir sachant qu’un même mineur peut souvent relever de deux situations : être délinquant et en danger et que le juge des enfants sera celui qui prendra les mesures éducatives et les mesures de protection. D’autres mesures sont annoncées face aux changements profonds qui se manifestent chez nos plus jeunes et qui légitimement préoccupent tous les professionnels. Les deux principes fondamentaux doivent toujours guider les décisions à prendre : mesures éducatives pour le mineur délinquant ; mesures de protection pour le mineur en danger. La Convention des droits de l’enfant du 20 novembre 1959 a fait de la recherche de l’intérêt supérieur de l’enfant une priorité absolue y compris dans les conflits familiaux parfois douloureux ou dans des instances civiles posant des questions d’éthique et de principe de société. A mon arrivée à Bobigny, le procureur de l’époque m’affectait au Parquet des Mineurs ; j’y suis restée plusieurs années, j’en ai assuré la direction. J’ai donc eu largement la possibilité d’estimer l’importance du rôle de ce Parquet qui était le premier de France tout en souffrant de difficultés liées au particularisme du département, à celles des familles et à nos propres insuffisances de moyens. C’est bien dans la difficulté que précisément se révèlent les talents, les dévouements, les engagements, la pugnacité ; j’ai alors fait la connaissance des Foyers Concorde et je n’ai jamais cessé d’expliquer, chaque fois que j’en avais l’occasion, l’apport de leur contribution, leur richesse dans l’aide à l’accueil des mineurs et à leur accompagnement. Les foyers Concorde savent mettre en œuvre la chaleur dans l’accueil de tous, le dialogue, les projets mais aussi les exigences et la fermeté. Les foyers Concorde, ce sont des équipes soudées et enthousiastes qui jamais ne renoncent à leurs objectifs ; ce sont des éducateurs avec leur personnalité riche d’une expérience et forts de leur engagement ; ce sont également les relations avec les communes et la recherche de vrais partenariats ; ce sont des personnalités qui ont marqué leur implantation ; ce sont des dirigeants qui poursuivent leur action, Mme Mazerat qui a repris avec succès une tâche difficile et tous les autres. Aujourd’hui, je me suis sentie honorée de pouvoir assurer la présidence de cette journée placée sous le signe de la convivialité et du partage. Il n’est pas possible, en ce début d’année, de ne pas avoir à l’esprit les terribles événements que la France a connus et qui, pour les premiers, avaient déjà marqué le début de l’année passée ; ils nous touchent d’autant plus que certains jeunes se trouvent irrésistiblement attirés par ce piège mortel d’adhésion à une idéologie mortifère. Je dois aussi avouer que rien n’arrive à me détacher dans l’immédiat de la justice ; présidence de commissions d’aide juridictionnelle à Nanterre et Bobigny ; CIVI (Commission d’Indemnisation des Victimes d’Infractions) à Bobigny ; présidence d’audience du tribunal des Affaires de Sécurité Sociale à Nanterre ; actions de formation à l’ENM Paris (Ecole Nationale de la Magistrature) des juges de proximité ; j’ai la chance d’aimer ce que je peux encore faire et de maintenir les liens avec tous les anciens et surtout ceux de Bobigny. C’est donc avec cette conclusion positive que je vous présente à tous des vœux de réussite, de santé, d’épanouissement et pour les foyers Concorde, une belle 47ème année de développement de leurs activités notamment dans la mise en place de nouveaux types d’accueil.

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Le groupe d’expression du module Chevreul s’est réuni le 16 novembre 2015 au soir

Les groupes d’expression instaurés par la loi du 2 janvier 2002sont des instances de représentation qui s’expriment sur la manière dont les jeunes sont accompagnés collectivement et sur le fonctionnement général de chaque structure d’accueil. Ils permettent à chacun, jeunes et adultes, d’évoquer les difficultés rencontrées dans le fonctionnement quotidien et général de la structure dans le but de l’améliorer autant que possible. Ils servent donc de régulateurs mais sont aussi des temps importants qui privilégient l’échange entre jeunes résidents et adultes en engageant la discussion sur le projet de l’association et sa mise en œuvre.

Le directeur Sylvain Lesueur, le chef de service Philippe Allard, 5 éducateurs et 24 jeunes dont leurs 3 délégués élus se sont donc retrouvés pour débattre dans la soirée du lundi 16 novembre. Une réunion à laquelle j’avais été conviée en tant qu’élue du Conseil d’administration. Après un échange sur la vie au sein de leur module et les propositions des uns et des autres visant à réguler son fonctionnement quotidien, l’ordre du jour prévu a été quelque peu bouleversé, ce soir-là, par le besoin pressant des jeunes à s’exprimer au sujet des récents attentats survenus à Paris trois jours auparavant. La discussion et les échanges engagés ont permis aux adultes de rebondir sur le principe de laïcité, de l’expliciter et de rassurer les jeunes de confession musulmane sur leur devenir et la stigmatisation dont ils craignaient d’être l’objet. La réunion s’est achevée dans la sérénité et chacun a pu mesurer combien ces temps d’échanges au sein de nos modules sont importants, fructueux et enrichissants.

Maïté Melchior-Griffé – Administratrice

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Efficace et innovante, une association sur de bons rails

Extraits du rapport moral du Président Alain Junqua, lors de l’assemblée générale du 11 juin 2015

L’association a connu en 2014 un taux d’activité légèrement moindre que celui des années précédentes de 112 %, au lieu de 121 l’an dernier, ce qui a permis de tourner tous foyers confondus, Dispositif d’Accueil Personnalisé compris, autour de 145 jeunes de dix-huit nationalités différentes issues de tous les continents, pris en charge de façon permanente. Le fonctionnement des établissements n’en a pas été, pour autant, facilité en raison du mode le plus fréquent d’accueil, en urgence, et de l’extrême complexité des problématiques des jeunes ainsi accueillis. Nous ne sommes que plus satisfaits des réussites scolaires ou professionnelles de beaucoup d’entre eux et de l’intégration d’un certain nombre à l’environnement social des foyers par leur participation à diverses activités culturelles ou sportives. Nous avons recouru à des solutions alternatives : accueil en foyers de jeunes travailleurs, appartements partagés, familles relais, voire logements individuels, notamment pour les enfants relevant du Dispositif d’Accueil Personnalisé (D.A.P.). Cette diversité des modes de prise en charge, avec un accompagnement adapté à chacun, permet d’apporter des solutions sur mesure qui prennent mieux en compte l’évolution personnelle de nos jeunes, les préparent à accéder à une autonomie qui correspond à leur attente et répond à notre mission éducative. S’agissant des salariés, depuis deux ans tous les emplois sont pourvus. Le climat social me parait excellent, les instances représentatives du personnel fonctionnent harmonieusement, dans le dialogue et la confiance. L’évaluation externe a été diligentée et s’est avérée dans l’ensemble extrêmement positive. Le déménagement du siège administratif dans de nouveaux locaux à Montfermeil est chose faite depuis l’automne dernier grâce à la communauté d’agglomération. L’immeuble de la rue Delagarde était devenu trop petit et vétuste. Il a été mis en vente mais en attendant de trouver un acquéreur, nous continuons de l’utiliser pour y organiser nos activités dites de jour et, particulièrement, nos ateliers scolaires qui y ont tous été regroupés. L’expérience s’avère intéressante, notamment pour les jeunes qui les fréquentent et nous recherchons d’autres locaux pour les installer de façon plus pérenne. Nous avons évoqué, lors de la dernière assemblée générale, de sérieuses difficultés de trésorerie résultant du financement du D.A.P. dont le prix de revient était largement supérieur au prix de journée perçu. Nous avons négocié avec les services départementaux la résorption de la dette qui ne nous était pas imputable et à la fin de l’année 2014, tout était rentré dans l’ordre. Nous avons limité les admissions au D.A.P. à vingt jeunes maximum. Les foyers, pour leur part, ont parfaitement fonctionné tant en ce qui concerne l’accueil et l’accompagnement de jeunes trop souvent perturbés qu’en celui de leur gestion proprement dite puisque les résultats comptables sont partout excédentaires. Des travaux de rénovation ou de remise en conformité ont pourtant été réalisés dans tous les établissements qu’il s’agisse aussi bien des cuisines, salles d’eau, lingeries et parties communes que des chambres et bureaux. Nos statuts ont été réformés lors d’une assemblée générale extraordinaire réunie le 11 mars dernier pour être actualisés. Ce fut un important chantier qui devrait introduire l’instruction d’un dossier de demande de reconnaissance d’utilité publique que nous espérons voir aboutir d’ici l’année prochaine. Notre institution s’ouvre de plus en plus sur l’extérieur, outre des partenariats avec des associations comme Métabole et Vivre Ensemble, elle participe à la réflexion de divers organismes représentatifs et prend part à des congrès nationaux et à des colloques sur thème. Cela demande beaucoup de disponibilité de la part de ceux qui s’y investissent et je tiens à les en remercier bien vivement. Permettez-moi de saluer la présence à notre assemblée de la Présidente de l’Association La Caravane de Villemomble et de sa directrice. Nous travaillons ensemble sur un projet de rapprochement de nos deux associations. Nos deux bureaux se sont rencontrés le 21 mai dernier pour une première prise de contact, la réunion a été chaleureuse et conviviale. Nous partageons des valeurs communes et au-delà de nos spécificités propres, nous pouvons témoigner des mêmes conceptions du travail éducatif et de l’intérêt de l’enfant. Je voudrais remercier les membres du Conseil d’Administration pour leur forte implication. Tout au long de l’année, le Conseil a accompagné la Direction Générale avec une grande écoute et beaucoup de sympathie. Le Bureau et le Conseil se sont réunis cinq fois chacun, parfois dans des foyers ce qui a permis aux cadres de ces derniers de présenter eux-mêmes leur activité. Il a été décidé que les trois directeurs de module, Chevreul, Gagny et Coubron participeraient avec voix consultatives à nos réunions de conseil. J’ai pour ma part, outre des visites régulières dans les foyers et des participations à de nombreuses réunions et manifestations, rencontré les maires de Montfermeil et Coubron ainsi que celui de Meaux, les représentants de la Direction de l’Enfance et de la Famille et du service de l’Aide Sociale à l’Enfance de Seine-Saint-Denis, particulièrement Madame Simon, ainsi que des Juges des Enfants. Une fois encore, je veux, au nom du Conseil d’Administration, remercier très chaleureusement et avec beaucoup de conviction et d’estime l’ensemble des personnels de l’association : de direction, d’encadrement, éducatifs, administratifs et de service, qui chacun dans leur domaine contribue au bien être des jeunes que nous recevons et permet à Concorde de répondre à sa vocation d’éduquer et de protéger sans exclusive. En accueillant tous les jeunes qui nous sont confiés par les autorités de tutelle, nous répondons à cette exhortation de Léon Gambetta : « l’avenir n’est interdit à personne ».