Bilan Formation Taille Technique AREFE et Hattonchâtel

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Franc succès pour la formation ‘Taille Technique’ assurée par les formateurs de l’AREFE (Association Régionale d’Expérimentation Fruitière de l’Est) dans leur verger expérimental d’Hattonville (55210), ce Samedi 15 Décembre 2023, et à laquelle participaient 16 adhérents de l’Association Meuse Vergers Traditions sur une vingtaine d’inscrits au total.

A l’issue : une assiette chaude ‘lentilles aux saucisses’ attendait les stagiaires dans la salle de la Mairie de Hattonchâtel. En dessert : un exposé sur le cuivre, ses propriétés. Et pour clôturer la journée : Visite de l’atelier de distillation de l’Association des bouilleurs de cru de Hattonchâtel. Une journée bien remplie en somme, avec de nouvelles connaissances acquises ainsi que des échanges fructueux entre les membres de notre association MVT tout au long de cette journée.

La formation débuta par un exposé en salle assuré par Mme Aline Mangin au cours duquel furent détaillés et explicités : le vocabulaire à maitriser des éléments constitutifs d’un arbre, les concepts de base de la croissance d’un arbre, des flux préférentiels de circulation de la sève, des états de repos végétatif et de développement ainsi que des différentes phases de la vie d’un arbre. Face au changement climatique et aux nuisibles de plus en plus ravageurs la question qui venait sur toutes les lèvres était : comment protéger ou gérer la croissance de l’arbre pour qu’il puisse aussi régulièrement que possible donner des fruits. L’importance de la lumière, de la création d’un puit de lumière, mais aussi les risques liés à la surexposition des branches aux fortes chaleurs et notamment aux UV, le rôle de la biodiversité, de l’importance des premières années de formation de l’arbre fut matière à de longs échanges. C’est à partir de la première étape qu’est la plantation d’un scion, que pas-à-pas furent expliqués, par des schémas détaillés, les différents types de tailles et les étapes nécessaires à la formation d’un arbre et de sa charpente.

Après une heure passée en salle, d’une formation théorique de qualité dispensée par Aline Mangin et après un bon café chaud offert par l’AREFE, les organismes étaient prêts à affronter les fraicheurs de ce matin de décembre. Il fallait maintenant mettre en pratique, les têtes des stagiaires bien pleines d’une théorie qu’il fallait décliner sur le terrain ! Ces quelques lignes vont vous retracer quelques-uns des moments forts de cette matinée passée sous la conduite d’Aline Mangin et de Benoît Mast.

Planter un scion ne s’improvise pas et il est nécessaire de connaitre les grands principes de sa préparation. Ce fut le premier atelier animé par Aline Mangin sous l’œil aguerri de Benoît Mast.  Préparation du trou de plantation, amendement du sol (ou pas), possibilité de ‘praliner’ les racines, tout cela fut discuté en détail. La nécessité de bien arroser et régulièrement les racines du scion la première année de plantation et les quelques suivantes est également déterminant pour assurer la mise en place du système racinaire.

Taille de l’arbre à la fin de la 2eme année (Avant)

A la deuxième année le scion doit se présenter avec des potentielles charpentières déjà bien développées (au moins 60 à 80 cm). La première opération consiste à sélectionner les 3 à 4 charpentières qui vont former le premier niveau de l’ossature de l’arbre. La qualité du travail qui doit être effectué durant cette phase, dont l’importance est souvent sous-estimée, conditionne la vie de l’arbre pour toute sa durée et qui est de l’ordre d’une quarantaine d’années en moyenne. Donc, une fois les 3 à 4 charpentières identifiées selon des règles bien précises, il faut tailler et éliminer les autres branches (voir photos Avant et Après).

Où tailler pour former le ‘tire-sève’

Cependant, les charpentières sélectionnées, on aura pris soin au préalable d’avoir identifié une branche qui va devenir un tire-sève qu’on pourrait qualifier de ‘tire-sève de formation’ créé tout au début de la phase de formation de la structure de l’arbre. Ce tire-sève est choisi à partir l’une des branches se trouvant le plus dans le prolongement du tronc à l’intersection des charpentières (voir photo). Ici Benoît montre la branche retenue comme allant devenir ce tire-sève et explique à quel niveau effectuer la taille. Ce tire-sève disparaitra naturellement et progressivement à la fin de la formation de la structure de l’arbre ayant été en quelque sorte ‘absorbé’ par le développement des charpentières.

 

Le ‘tire-sève’ mis en place

Cette branche sera coupée en laissant deux à trois yeux, formant ainsi et maintenant un tire-sève, à partir duquel se développera également un feuillage protecteur d’UV pour le tronc et les charpentières. La photo ci-à-coté donne une indication sur la dimension du tire-sève. Ce tire-sève sera à gérer tout au long des années de structuration de l’arbre. Il en sera de même pour les branches ‘non concurrentes’ à conserver ‘au centre de l’arbre’. Ce tire-sève ainsi que les branches non concurrentes centrales seront essentielles à la protection de l’arbre, de ses charpentières par l’ombre qui sera faite en les protégeant de brulures dévastatrices ou ‘coup de soleil’ que le changement climatique fait subir à l’écorce de nos arbres.

 

Taille de l’arbre à la fin de la 2eme année (Après)

Toute coupe aura pour effet de ‘tirer la sève’ et donc de favoriser la croissance de la branche par l’afflux de sève qui alimentera le bourgeon juste avant la coupe. La distance de coupe par rapport au bourgeon doit être égal au diamètre de la branche à couper. Nota : ‘En cas de démarrage difficile, c’est-à-dire de charpentières peu développées à la fin de la deuxième année : ne pas hésiter à perdre une année en cette période cruciale. Il faudra alors rabattre à nouveau le scion à deux yeux ! Cette année perdue sera vite oubliée et compensée par un arbre robuste et bien charpenté’ n’ont cessé de répéter les formateurs. Et voilà le résultat sur le même arbre, maintenant prêt à attaquer sa troisième année, après que les charpentières aient été rabattues sur le dernier bourgeon extérieur et que le ‘tire-sève de formation’ mis en place.

Essayons très simplement de vulgariser et un peu et pour les très néophytes que nous sommes le rôle très important et oh combien passé sous silence de ce ‘tire-sève dit de formation’, mis en place au centre de l’arbre (voir photo). Durant toute la formation de l’arbre ce tire-sève possède deux fonctions : celle de protection de l’écorce des branches comme expliqué précédemment (sorte de parasol en protection des coups de soleil) –  et –  aussi de pompe à sève. Ainsi le soleil ‘tapant’ sur les feuilles / feuillage de ce tire-sève va avoir pour effet de contribuer à faire monter la sève en provenance des racines ‘vers le haut’ et donc inévitablement vers le tire-sève (c’est le premier étage de la fusée). L’objectif n’est pas que celle-ci vienne bénéficier préférentiellement au tire-sève au risque de voir se développer des ‘gourmands’ ou ‘concurrents’ à ce niveau de l’arbre, mais qu’elle vienne aider au développement des charpentières. Par ailleurs, le fait d’avoir rabattu les charpentières (taille au niveau du bourgeon extérieur de chaque charpentière) va aussi faire office de pompe à sève au niveau de ces branches (c’est le deuxième étage de la fusée). Le tire-sève serait donc une forme de booster ou premier étage d’un système de pompe qui en comporterait deux afin d’assurer le développement des charpentières. C’est tout du moins comme cela que l’on comprit les quelques stagiaires qui après la formation se sont posé la question :  ‘Mais il y a des dizaines d’années on ne parlait pas vraiment de ce tire-sève que l’on met en place à la formation de l’arbre’. Changement climatique oblige peut-être, ce que ce qui était ‘optionnel’ et passé sous silence il y a 10, 20 ans devient maintenant vital ! De parole de stagiaires et c’est du vécu : ‘oui effectivement j’ai récemment planté un certain nombre de scions sans connaitre l’importance de ce tire-sève et oui c’est vrai certains ont rencontré des difficultés à démarrer avec des charpentières la deuxième années trop peu développées’.

Coup de soleil sur charpentière

Et ‘ oui les brulures sur les écorces notamment des jeunes arbres apparaissent maintenant plus souvent qu’auparavant !’ l’importance de ce tire-sève : CQFD (ce qu’il fallait Démontrer)

Rappelons que les blessures de l’écorce par l’effet du soleil ou autres sont la porte ouverte à d’innombrables pathogènes opportunistes qui peuvent alors altérer plus ou moins profondément le tronc affecté, voire dégrader l’arbre jusqu’à entraîner sa mort (ci-à-coté une charpentière brulée par le soleil)

Revenant sur les informations données par Benoît :  ‘L’écorce d’un arbre, c’est comme la peau d’un être humain’ rappelle t’il ! ‘Si votre peau subit des coups de soleil à répétition, elle perd de ses qualités et peut conduire à de graves maladies. Il en est de même pour l’écorce de l’arbre qui s’apparente à la peau de l’homme. Si cette écorce est brulée, elle n’assure plus sa fonction vitale qui est d’alimenter les branches en sève. L’écorce brulée ne protège plus l’aubier du bois qui est alors attaqué par les nuisibles, les champignons et le tout sujet à l’installation de maladies’ précise Benoît en nous montrant un cas concret dans le verger. ‘On ne taille plus tout à fait comme avant’ précise-t-il. Mais tout ceci est un ‘art’ que seule la formation dispensée par l’AREFE permet de bien appréhender !

 Les années suivantes (la 3eme et 4eme) seront également celles de la constitution de la charpente de l’arbre par l’identification et la mise en place des ‘sous-mères’, comme le sera également la 5eme année. ‘Au bout de la 6 -ème on sait si le pépiniériste nous a vendu le bon fruitier’, s’en amuse Benoît, ‘à la 7 -ème on fait une tarte, et puis ensuite si l’on a bien travaillé il suffit juste de mener quelques petites retouches pour assurer la pleine fructification’ ajoute-il ! Ainsi pour les branches ‘descendantes’ qui voient leur flux de sève se tarir et il y aura lieu de procéder à une nécessaire taille pour ainsi revigorer le bourgeon extérieur que l’on aura pris soin de bien choisir !

Gourmand à tailler

Durant la taille, s’appuyant sur la nécessité de conduire ou d’aider à orienter le flux de la sève vers les futurs fruits, par les explications données, chacun a bien compris la nécessité de supprimer les gourmands. C’est un rameau qui croit de façon disproportionnée par rapport à ceux qui l’entourent. Les gourmands naissent généralement sur le dessus des branches, près ou sur les charpentières. L’empâtement à la base du gourmand et son diamètre sont généralement épais, il se dresse vigoureusement vers le ciel et peu avoir un fort développement dans l’année. Il porte préjudice aux rameaux qui suivent et tend à détruire l’équilibre de l’arbre. Ils sont problématiques car ils vont appauvrir en sève la branche sur laquelle il se développe. Par conséquent une belle charpentière peut s’affaiblir car un gourmand se développant sur le dessus de celle-ci va assécher toute la partie de la charpentière située après le gourmand. Seuls les ‘gourmands’ de l’année sont à ‘casser’ au vert, toute autre taille devant se faire durant la phase de repos végétatif au risque de surexciter les montées de sèves et d’obtenir l’effet inverse à celui désiré ! Tout un art donc ! A noter que le repos végétatif, cette phase de dormance intervient pendant l’automne lorsque les températures deviennent plus fraîches et que les journées raccourcissent réduisant alors la luminosité. Les premiers signes du repos végétatif sont alors marqués par la chute des fleurs, des feuilles ou encore des fruits.

 

Dernier maillon à cette formation : la taille de restauration des vieux vergers ou des vergers qui n’ont pas eu la chance de voir des ‘mains vertes formées AREFE’ venir leur prodiguer les soins nécessaires. Couper tout le bois mort et le bruler est la première consigne. Un bois mort qu’il y a lieu de couper ainsi est le plus souvent porteur de maladies. Il faut donc le bruler, quoi qu’en disent certains ! C’est vital au risque de voir se propager les maladies sur les branches saines. De plus et dans le même esprit, il faut bien prendre soin de désinfecter son sécateur, à chaque changement d’arbre, ne cessent de répéter Aline et Benoît. Jadis les produits phytosanitaires accessibles dans le commerce permettaient de traiter ou de prévenir certaines maladies sur les arbres. Aujourd’hui ces produits n’étant plus accessibles aux particuliers, et les pratiques changeants et s’appuyant sur le développement de la biodiversité, seul le brulage des branches malades permet de détruire la racine du mal ou tout du moins d’y contribuer. C’est du moins la conclusion qu’en tirent les stagiaires sur la question posée au formateurs sur : ‘comment éviter les maladies dont sont victimes les arbres’. La réponse la plus souvent entendue est qu’il faut revenir à la nature, accepter des variations de rendement, développer la biodiversité, remettre en place les auxiliaires de tous genres qui vont être les prédateurs des nuisibles. Un équilibre de la nature est donc à retrouver et un niveau d’exigence des ‘consommateurs’ que nous sommes à accepter l’imperfection, le tout en laissant le temps au temps ! tout un programme donc, presque un changement de paradigme pour les Homo sapiens que nous sommes, obnubilés par le beau (des fruits) et le ‘tout le temps’ !

En parlant du temps, prendre son temps et plusieurs années (3 à 4) sont nécessaires pour aller pas à pas vers le modèle idéal décrit précédent. Mais parfois il faut se résoudre à remplacer les arbres trop dégradés et repartir sur de bonnes bases avec un nouveau scion.

C’est ainsi durant les 3 heures qui se sont déroulées dans les vergers du conservatoire et en périphérie, tous les cas de figures vus en salle furent vus, matérialisés et les actions de taille réalisées pour la plus part. C’est une évidence également que cet article qui se veut être le témoin d’une qualité de formation n’est qu’une incitation à suivre cette formation qui certes peut paraitre théorique voire parfois un peu rigide. Mais n’est pas conservatoire qui veut ! Comme le rappellent à juste titre Aline et Benoît : ‘depuis des dizaines d’années nos testons et éprouvons différentes approches de tailles que nous faisons évoluer en fonction de l’environnement qui est celui dans lequel nos arbres poussent. Ce que nous vous présentons c’est ce qui marche ! Mais libre à chacun de faire sa propre expérience et de prendre de cette théorie ce qui semble adapté à sa situation ou à celle de son verger et de ses arbres !’

Le froid, généralement synonyme de passage en repos végétatif, s’il l’est incontestable pour la flore, en ce vendredi matin de décembre ne le fut pas moins pour les stagiaires que nous étions, précipitamment un peu malgré nous la fin de cette formation très instructive.

L’Association MVT avait prévu une assiette chaude ‘Lentilles aux Saucisses’ en prévision d’un réchauffement des organismes à devoir assurer. Située à une encablure du verger Conservatoire de l’AREFE, c’est dans la salle de la mairie de Hattonchâtel, invité par le Président de l’Association des bouilleurs de cru de Hattonchâtel, Francis COURTOIS, et avec l’accord de son Maire M. Christophe LEBLAN, que le repas fut pris dans une salle bien chauffée.

Cette assiette chaude agrémentée par des compléments apportés par les uns et les autres, que ce soit en tartes, fromages, pain, boissons diverses, café… permit de continuer les échanges entre membres de notre association. En termes de digestif, le président de l’association présenta un PowerPoint sont le thème fut : le cuivre, ses propriétés et les bonnes pratiques du nettoyage des alambics.

La fin de l’après-midi se termina par la visite de l’atelier de distillation de l’association des Bouilleurs de cru de Hattonchâtel sous la conduite de son Président Françis Courtois. Étaient également présents à cet après-midi de partage : Jean Garnier ‘Président des bouilleur ambulants du grand Est’ ainsi que Dominique Gosio tous deux conseillers spéciaux au sein de notre association qui fêtera sa première année d’existence en Mars 2024.

Nous ne saurions conclure cet article sans remercier en premier chef les deux formateurs de l’AREFE ayant dispensé et assuré cette formation à la Taille Technique : Mme Aline Mangin et M. Benoît Mast. Nos remerciements vont également à M. Quentin HOFFMANN Directeur de l’AREFE qui a permis la mise en place de cette formation dont notre association a largement bénéficié de par le nombre de ses participants. Un dernier merci en final à Aline pour avoir accepté la relecture de ce document avec proposition de corrections, ainsi qu’aux deux habituels relecteurs Philippe et Marcel qui se reconnaitront.

Nos remerciements également à Francis Courtois (Président de l’Association des bouilleurs de cru de Hattonchâtel), à Bernard TOUSSENOT (Trésorier de l’Association de Hattonchâtel) et à son épouse pour avoir assuré une partie de la logistique. Nous n’oublierons pas non plus tous les membres et nouveaux venus pour la qualité des échanges et de ce moment de convivialité. Un petit clin d’œil à Patricia pour avoir assuré ‘l’assiette lentilles aux saucisses’ pour 25 personnes.

Next, la suite :

Ce qui n’ont pu assister : Nous savons que certains membres de notre association n’ont pu participer à cette formation, du fait un peu de son succès à l’inscription et quota atteint avant la date de clôture indiquée. Nous nous en excusons auprès d’eux ! et travaillons le sujet pour un prochain stage.

Atelier taille et mise en pratique :  Des premiers échanges qui ont tout juste suivi cette formation, que ce soit à Hattonchâtel autour de l’assiette de ‘lentilles aux saucisses’ ou lors des retours en covoiturage, la question s’est posée sur la manière dont l’association pourrait contribuer à faciliter une mise en pratique de cette formation.  Tout naturellement l’idée est venue de proposer à ce que les vergers familiaux de nos membres, ayant suivi cette formation, et qui le souhaiteraient puissent devenir des formes d’ateliers de taille ou de lieux de mise en pratique. L’objectif n’est pas d’effectuer la totalité de la taille d’un verger, mais par la pratique sur quelques arbres de permettre d’accroitre le niveau de confiance et donc une montée en autonomie des participants.

Le principe : Autour successivement de quelques arbres d’un verger considéré, un petit groupe (4 à 5 personnes) en présence du propriétaire se posent la bonne question : que faut-il tailler et pourquoi ? S’appuyant sur les bases de la formation AREFE, l’objectif est de déterminer les actions à entreprendre et de les réaliser.  Cette démarche s’inscrit parfaitement avec les buts tels que rédigés dans les statuts de notre association qui prône notamment l’entraide entre ses membres. Dans une première étape une liste des volontaires souhaitant bénéficier de cette mise en pratique dans partie de leur verger sera établie, avec proposition de dates. Dans un second temps, chaque volontaire qui souhaitera participer à ces ateliers de taille pourra s’inscrire dans l’agenda. Une communication plus concrète va suivre avec déjà quelques dates pour initier le processus.

Patrick MARTINET Président Association Meuse Vergers Traditions

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