Actualitésla lettre n°70Vie de l'association

Quelle ambition pour l’avenir des jeunes que nous accueillons ?

Une assemblée attentive

Assemblée générale du 7 juin 2018

Comme chaque année, notre Assemblée Générale s’est déroulée à Gagny dans une ambiance chaleureuse et conviviale.

Après l’exposé par le Président et la Directrice Générale des grandes lignes du rapport moral, les responsables des différentes structures ont été invités à présenter le bilan de leurs activités durant l’année 2017 et une fois encore, nous avons pu mesurer leur implication dans leurs fonctions, leur disponibilité et l’attention qu’ils portent aux jeunes qui nous sont confiés par les différentes institutions.

Cependant, tous nous ont fait part de l’inquiétude quant à l’avenir de ceux atteignant la majorité. En effet, à 18 ans, ces adolescents doivent quitter nos structures et se débrouiller dans la vie.

Or, nous savons tous qu’à 18 ans un jeune est encore loin d’être autonome !

Comment donc le lâcher dans la nature sans accompagnement et le laisser trouver logement, travail, ressources… qui lui permettront de s’assumer seul ? Comment peut-il passer brutalement de la protection bienveillante de nos éducateurs, de la prise en charge intégrale assurée par l’AEPC à l’isolement, l’autonomie totale et l’organisation de sa vie ?

Un autre problème, et pas des moindres, découle de cette situation. La plupart les jeunes qui nous sont confiés sont scolarisés, encouragés et accompagnés par nos équipes attentives, vers une souhaitable réussite aux examens que nombre d’entre eux passent d’ailleurs, et nous en sommes fiers, avec succès. Or, sachant qu’à 18 ans ils devront s’assumer matériellement, nous nous voyons, de ce fait, souvent contraints avec regret de leur conseiller une orientation vers des études courtes qui leur permettront de trouver rapidement un emploi à la sortie de nos établissements. C’est pourquoi, nombre d’entre eux, même s’ils sont attirés par des professions nécessitant des études longues, ne pourront y accéder et devront renoncer à s’engager dans des domaines qui les intéresseraient, les motiveraient et les dirigeraient vers un avenir plus prometteur.

Ils doivent donc trop souvent, lors de l’orientation en fin de troisième, s’inscrire dans des filières professionnelles de cycle court plutôt qu’en seconde générale qui les mènerait au baccalauréat puis vers des études supérieures sur plusieurs années.

Nous nous devons donc de réfléchir sérieusement à l’avenir que nous proposons à ces jeunes.

Les accompagner au quotidien de l’enfance à l’adolescence, leur offrir confort, sécurité, affection ; leur donner des repères, des valeurs, c’est une tâche que les éducateurs de notre association remplissent avec conviction et dévouement mais nous avons aussi le devoir de nous interroger sur leur devenir lorsqu’ils nous quittent, sur l’aide dont ils devraient pouvoir bénéficier afin de s’insérer au mieux dans la vie active.

Remercions donc les éducateurs d’avoir, lors de notre assemblée annuelle, mis l’accent sur cette situation préoccupante. Nous nous devons, tous ensemble, administrateurs et équipes éducatives, de réfléchir à la façon dont nous pourrions aider nos jeunes majeurs à franchir ce cap difficile, examiner et discuter les suggestions et propositions de certains éducateurs, interpeller éventuellement les pouvoirs publics sur cette situation problématique à nos yeux, et leur demander d’envisager un possible accompagnement qui mènerait ces jeunes vers la sécurité, une réelle autonomie et une entrée rassurante dans le monde des adultes.

Maïté Griffé, administratrice, membre du bureau de l’AEPC