La lattre n°73Vie de l'association

Filles et Garçons du Monde, un dispositif de prise en charge des mineurs et jeunes majeurs étrangers

Rencontre avec Philippe Allard, directeur et Touria Mavambu, cheffe de service éducatif.

Le 1er avril 2019, s’ouvrait la « Plateforme Filles et Garçons du Monde » prévue pour accueillir à terme 100 mineurs et jeunes majeurs étrangers adressés par la CAMNA. Où en êtes-vous dix mois plus tard ?

Notre habilitation nous autorise à prendre en charge des jeunes de 15 à 18 ans, et par dérogation des 18 – 21 ans. A à ce jour nous accueillons 75 jeunes, surtout des 17 – 18 ans. Nous avons une référente à la CAMNA qui travaille très bien. Nos jeunes sont hébergés en appartements diffus de 2 à 6 places, loués par l’association. Les huit éducateurs actuellement en fonction travaillent en binômes qui assurent le suivi d’environ 25 jeunes. Deux chargés d’insertion mettent en place les projets professionnels, préparent les sorties de la structure. Une infirmière, trois veilleurs de nuit, dont un à mi-temps, et trois intervenants scolaires titulaires d’un diplôme FLE, deux à plein temps et un enseignant retraité à temps partiel, complètent l’équipe.

Avez-vous rencontré des difficultés pour recruter des personnels ?

Avec une montée en charge progressive nous étoffons notre structure au fur et à mesure des arrivées. La moitié des éducateurs actuellement en poste vient de maisons d’enfants de l’association. C’est pour nous un atout car ils connaissent nos structures et sont en situation d’accueillir leurs nouveaux collègues. Disons que nous sommes épargnés, mais que nous avons mis en difficulté les autres services.

Comment se déroulent les journées de vos jeunes ?

Dès leur arrivée ils passent des tests de connaissance au CIO de Clichy-sous-Bois. Ceux qui n’ont jamais été, ou très peu, scolarisés sont dirigés vers notre atelier scolaire qui fonctionne  toute l’année, y compris pendant les congés scolaires, de 9 h à 16 h. Les prises en charge sont personnalisées. Certains sont orientés vers une structure scolaire adaptée, telle une « UPE2A » ou une « Remob FLE » classe d’une vingtaine d’élèves. Ces classes existent au collège Jean Jaurès de Montfermeil. Il existe aussi une classe « NSA » au collège Romain Rolland de Clichy Sous-Bois. Nous nous mobilisons pour que tous aient accès à des structures de formation professionnelle telles les masterclass (préparatoires à l’apprentissage) du campus des métiers de Bobigny par exemple.

Quelles sont les principales difficultés auxquelles vous vous heurtez ?

Nous avons quelques soucis d’aménagement des logements mais nous déplorons surtout que les jeunes aient tant de difficultés à obtenir des rendez-vous à la préfecture pour régulariser leur situation administrative. Les prises en charge des jeunes majeurs doivent être d’au moins six mois pour permettre cette régularisation. Il nous faut faire respecter le droit du travail car certains employeurs ont tendance à abuser de la précarité de ces jeunes. Théoriquement, nous pouvons les garder un an et demi, mais pour que l’accueil que nous assurons soit vraiment profitable il faut que celui qui nous quitte ait un emploi et un logement. Ce qui est problématique si les prises en charge sont courtes et de fait les formations non terminées.

Au plan culturel, nous avons des liens avec les Ateliers Médicis et le Chapiteau de Clichy. Les ateliers scolaires organisent des sorties éducatives. Il faut du temps pour installer une relation éducative.

Actuellement, nous concentrons tous nos efforts dans la qualité de l’accueil, l’hébergement, la formation, pour construire l’avenir.

Propos recueillis par Pierre Girault, administrateur de Concorde.