La lettre n°81Vie de l'association

Mercredi 17 janvier 2024, des vœux exigeants

 

« A comme accompagnement ; E comme écoute ; P comme partage et C comme Cohésion ». 

 

C’est ainsi que Madeleine Mathieu, nouvelle présidente, définissait les objectifs de Concorde. « Je connais cette association depuis le début des années 90, période à laquelle j’étais juge au tribunal pour enfants de Bobigny. Alain Junqua en était le président, Marie Foilaine Desolneux ma collègue et Claude Chirouse mon interlocuteur au SEAT ». Depuis, l’association d’éducation populaire Concorde, née en 1969 au cœur de la cité des Bosquets à Montfermeil, s’est beaucoup développée et diversifiée et regroupe désormais 15 structures qui ont accueilli 344 jeunes au cours de l’année passée et près de 300 salariés.

Enthousiaste, elle se réjouit de l’accueil chaleureux et professionnel qu’elle a reçu partout dans l’association et se promet de poursuivre son immersion en visitant la totalité des structures, en rencontrant les équipes et les jeunes, les différents acteurs du siège administratif et bien sûr toutes les autorités et partenaires utiles.

Son vœu pour Concorde en cette année 2024 ? Qu’elle dispose des moyens nécessaires pour poursuivre son action dans les conditions de qualité et de rigueur qui fondent son projet, et qu’elle poursuivre des relations de confiance avec ses autorités de tutelle.

Après avoir remercié M. le Maire de Montfermeil pour sa présence et son soutien si précieux, salué les représentants des forces de l’ordre, Madeleine Mathieu présentait  Mme Eglin, présidente de cette cérémonie : « Magistrate de renom, dont le parcours et les qualités professionnelles et humaines sont unanimement reconnues, tu présides le tribunal pour enfants de Bobigny après avoir été pour moi une collaboratrice très précieuse à la protection judiciaire de la jeunesse, en qualité de sous-directrice des missions de protection judiciaire et d’éducation. Ton engagement au service de l’enfance en difficulté ne s’est jamais démenti, depuis ton premier poste de juge des enfants à Belfort, en passant par tes fonctions auprès de la défenseure des enfants, ton retour aux fonctions de magistrate de la jeunesse à Bobigny en 2006 et jusqu’au cabinet de Mme TAUBIRA, garde des sceaux en qualité de conseillère en charge d’un projet de réforme de l’ordonnance du 2 février 1945, celui-là même qui servira de base de réflexion pour l’élaboration du code de justice pénale des mineurs, dont tu as été la cheville ouvrière.

Ton regard sur la protection de l’enfance au sens large, puisqu’elle embrasse aussi, en tout cas à mes yeux, la prévention de la délinquance, est donc particulièrement autorisé et je te remercie à nouveau très chaleureusement d’être parmi nous aujourd’hui. »

Florence Mazerat, directrice générale dressait un bref bilan de l’année 2023 marquée notamment par l’ouverture d’une seconde maison pour les jeunes relevant de la PJJ, une extension du dispositif d’Accueil Personnalisé pour des adolescents des Hauts-de-Seine, la fin de l’évaluation de trois maisons selon les recommandations de la Haute Autorité de Santé, qui se conclut par un bilan positif. Elle se réjouissait de la présence de Madeleine Mathieu qui nous confia des jeunes en sa qualité de juge des enfants et depuis restée proche de l’association, ce qui est un bon signe pour l’avenir.

Chargée d’assurer la présidence de cette cérémonie des vœux, c’est en s’appuyant sur un souvenir que madame Eglin a délivré son message : « J’ai connu Concorde en prenant des fonctions de JE en 2006 et rapidement, j’ai été invitée à visiter les foyers Aristide Briand, Gagny, Marie-Foilaine Desolneux, Chevreul, Les Sorbiers, le restaurant d’application.

de J’ai souvenir d’avoir alors croisé un jeune homme d’une trentaine d’années qui revenait de temps en temps donner des nouvelles, présenter la famille qu’il avait fondée. Quand on est juge des enfants et qu’on ne voit revenir que ceux qui ont commis de nouvelles infractions, une telle rencontre est un bol d’air et une invitation à continuer… »

Elle se réjouit de l’enthousiasme de l’action éducative que communique la lettre semestrielle de l’AEPC avec « une mention particulière pour la cérémonie des diplômés qui montre que la réussite des enfants confiés est aussi celle des professionnels qui les accompagnent, qui rappelle à chaque enfant ou adolescent accueilli qu’il compte et qu’il a derrière lui toute une équipe de professionnels qui vont accompagner et soutenir ses efforts, en bons parents. »

« Ce qui fait la force et la richesse des associations, c’est cette diversité de projets, de modes d’action et d’identité, cette capacité à se renouveler, à construire de nouvelles pratiques, à percevoir le sens de l’histoire. J’apprécie particulièrement la qualité des échanges dans les rencontres partenariales organisées par le conseil départemental ou la protection judiciaire de la jeunesse, où cette diversité des idées et des pratiques trouve à s’affirmer. »

Rappelant que le tribunal pour enfants n’échappe pas aux risques d’usure, « qu’il lui faut faire avec ses manques structurels et trouver quand même quoi répondre aux attentes éperdues et aux incompréhensions des familles quand les services chargés de les accompagner manquent d’effectifs et ne sont pas au rendez-vous. Comment tenons-nous ? C’est certainement grâce à la qualité de nos relations, à la confiance réciproque que nous avons dans nos engagements auprès des jeunes et des familles et à l’inventivité du territoire, laboratoire de nouvelles prises en charge et de nouvelles méthodes. »

 « Pour tout cela, je souhaite vous remercier, au nom du tribunal pour enfants, pour le travail accompli en 2023. Je forme le vœu pour 2024 de la continuité d’une écoute mutuelle en gardant comme point de mire l’intérêt des enfants et le soutien aux familles. 

2024 sera sportive, dans tous les sens du terme, aussi je vous souhaite à tous une belle énergie pour en embrasser les enjeux. »

Pierre Girault, vice-président,