Hommage à Luis Sepulveda

HOMENAJE A LUÍS SEPÚLVEDA, Mariluz Di TULLIO

El UPLEGESS rinde homenaje al gran escritor chileno Luis Sepúlveda, fallecido el 16 de abril 2020, a los 70 años, a consecuencia del corona virus.

Contador de apasionantes relatos, les invitamos a recordarlo leyéndolo como lo hacía el “Viejo que leía novelas de amor”, su famosa novela :

Leía lentamente, juntando las sílabas, murmurándolas a media voz como si las paladeara, y al tener dominada la palabra entera la repetía de un viaje. Luego hacía lo mismo con la frase completa, y de esa manera se apropiaba de los sentimientos e ideas plasmados en las páginas. Cuando un pasaje le agradaba especialmente lo repetía muchas veces, todas las que estimara necesarias para descubrir cuan hermoso podía ser también el lenguaje humano.

Fue un gran defensor del Amazonas y de la causa indígena, compartiendo un período de su vida con los Shuar en las selvas del Perú y Ecuador. Su compromiso fue plasmado en sus obras a través de la narración lo que le llevó a decir:

Narrar es resistir, y es lo que he hecho siempre. Y resistir no solamente las injusticias, sino también la estupidez que a veces amenaza con imponerse en todos lados.

Deleitémonos con el inicio de su relato poético : “Noche en la selva Aguaruna”

No conozco a ese hombre que se detiene a la orilla del río, que respira hondamente y sonríe al reconocer los aromas que viajan en el aire. No lo conozco, pero sé que ese hombre es mi hermano.

Ese hombre que sabe que el polen viaja prendido a la arbitraria voluntad del viento, más confiado y soñando con la fértil tierra que lo espera, ese hombre es mi hermano.

Y sabe muchas cosas mi hermano. Sabe, por ejemplo, que un gramo de polen es como un gramo de sí mismo, dulcemente predestinado al lodo germinal, al misterio del que se alzará vivo de ramas, de frutos y de hijos, con la bella certeza de las transformaciones, del comienzo inevitable y del necesario final, porque lo inmutable encierra el peligro de lo eterno y sólo los dioses tiene el tiempo para la eternidad.

Ese hombre que empuja su canoa sobre la playa de fina arena, y se prepara a recibir el milagro que cada atardecer en la selva abre las puertas del misterio, ese hombre es necesariamente mi hermano.

Mientras la sutil resistencia de la luz diurna se deja vencer amorosamente por el abrazo de las penumbras, lo escucho musitar las palabras justas que su embarcación merece: “te encontré cuando eras apenas una rama, limpié el terreno que te rodeaba, te protegí del comején y la termita, orienté la verticalidad de tu tronco y, al tumbarte para que fueras mi prolongación en el agua, por cada golpe de hacha marqué también una cicatriz en mis brazos.

Luego, ya en el agua, prometí que juntos continuaríamos el viaje empezando en tu tiempo de semilla. He cumplido. Estamos en paz.

 

HOMMAGE À LUIS SEPÚLVEDA

L’UPLEGESS rend hommage au grand écrivain chilien Luis Sepúlveda, décédé le 16 avril 2020 à l’âge de 70 ans des suites du corona virus.

Conteur d’histoires passionnantes, nous vous invitons à le lire comme le faisait « Le vieil homme qui lisait des romans d’amour », son roman le plus connu :

Il lisait lentement, rassemblant les syllabes, les murmurant à voix basse comme s’il les dégustait, et ayant maîtrisé le mot entier, il le répétait d’un trait. Puis il faisait de même avec toute la phrase, et de cette façon, il s’appropriait des sentiments et des idées incarnés dans les pages.

Lorsqu’il aimait particulièrement un passage, il le répétait plusieurs fois, autant qu’il le jugeait nécessaire pour découvrir à quel point le langage humain pouvait être beau.

C’était un grand défenseur de l’Amazonie et de la cause indigène, partageant une période de sa vie avec les Shuar dans les forêts  C’étaitdu Pérou et de l’Équateur. Son engagement se reflète dans ses œuvres à travers la narration, ce qui l’a amené à dire :

Raconter, c’est résister, et c’est ce que j’ai toujours fait. Et résister non seulement aux injustices, mais aussi à la stupidité qui menace parfois de prévaloir partout.

Délectons-nous du début de son récit poétique : “Nuit dans la jungle d’Aguaruna”

Je ne connais pas cet homme qui s’arrête au bord de la rivière, qui respire profondément et sourit en reconnaissant les arômes qui voyagent dans l’air. Je ne le connais pas, mais je sais que cet homme est mon frère.

Cet homme qui sait que le pollen voyage attaché à la volonté arbitraire du vent, plus confiant et rêvant de la terre fertile qui l’attend, cet homme est mon frère.

Et mon frère sait beaucoup de choses. Il sait, par exemple, qu’un gramme de pollen est comme un gramme de lui-même, doucement prédestiné à la boue germinale, au mystère dont il s’élèvera vivant des branches, des fruits et des enfants, avec la belle certitude des transformations, du début inévitable et de la fin nécessaire, car l’immuable contient le danger de l’éternel et seuls les dieux ont le temps pour l’éternité. 

Cet homme qui pousse son canoë sur la plage de sable fin, et se prépare à recevoir le miracle que chaque soir dans la jungle ouvre les portes du mystère, cet homme est forcément mon frère.

Alors que la subtile résistance de la lumière du jour est amoureusement vaincue par l’étreinte des ombres, je l’entends murmurer les bons mots que mérite son bateau : “Je t’ai trouvé quand tu n’étais qu’une branche, j’ai nettoyé la terre autour de toi, je t’ai protégé des termites, j’ai orienté la verticalité de ton tronc et, en t’allongeant pour que tu sois mon extension dans l’eau, à chaque coup de hache, j’ai aussi marqué une cicatrice sur mes bras. Puis, déjà dans l’eau, j’ai promis qu’ensemble nous continuerions le voyage en commençant pendant ta période de semence. J’ai tenu parole. Nous sommes en paix.