Les langues, un levier puissant pour développer ses soft-skills par Andrea KATZENBERGER

Apprendre à cultiver sa créativité, à développer son autonomie et son esprit critique, à créer du lien : tant de soft-skills essentielles dans le monde professionnel et qui sont favorisées par l’ouverture à des langues et des cultures différentes

Le 17 juin dernier, RANACLES (Rassemblement National des Centres de Langues de l’Enseignement Supérieur), l’Université de Reims Champagne-Ardenne et l’Institut Catholique de Paris ont organisé à Reims une journée d’étude sur le thème de « L’Apprentissage des langues et insertion professionnelle des jeunes diplômés ».

La matinée était consacrée à une réflexion et des échanges autour de l’apprentissage des langues et le développement des soft-skills. Cette thématique s’inscrit parfaitement dans les principes de l’UNESCO concernant l’enseignement du futur : ”Children need to learn to collaborate, to have empathy and kindness, to look after each other and the environment, as well as to solve problems and think critically. Historically, education systems around the world have emphasized acquiring knowledge and information and de-prioritized interpersonal skills. This needs to change”. Les professeurs de langues ont complètement intégré cette approche, et l’évaluation des soft-skills est devenue le plus souvent une partie intégrante de la notation.

La première communication, « Le corps entre deux langues : connaître l’Autre qui est en soi » par Téréza Ponce de l’ICP, faisait écho à l’exposition de photos lors de notre dernier congrès “Je devient un autre”. D’autres communications traitaient des thèmes aussi divers que la créativité, le plurilinguisme et l’intercompréhension.

L’après-midi était placée sous le signe de l’innovation pédagogique en langues et l’adaptation aux besoins spécifiques des futurs diplômés. L’apparition des IA génératives et la rapidité de leur développement a alimenté la discussion de la soixantaine de participants, venus de Reims et de la région Grand Est.

De la bonne utilisation des certifications dans nos enseignements

Motivant ou frustrant ?

De la bonne utilisation des certifications dans nos enseignements

Andrea KATZENBERGER,
Responsable centre de langues NEOMA Business School – Campus de Rouen

Suite à la décision du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche de rendre une certification d’anglais obligatoire pour les étudiants inscrits en licence, on pouvait se poser la question quant à l’avenir des certifications en LV2 et plus particulièrement en allemand. En effet, les règles en vigueur dans nos écoles sont très différentes. Alors que les écoles d’ingénieurs recommandent voire exigent une certification au niveau B1, les écoles de management accordent en général peu d’importance à la certification en LV2, sauf pour les échanges académiques à l’international.

Le 29 janvier, le groupe des Germanistes de l’UPLEGESS s’est retrouvé en visioconférence pour échanger sur cette thématique. Une quinzaine de membres de notre association ainsi que des représentantes des réseaux partenaires, DAAD et ADEAF, ont répondu présent. Nous avons pu accueillir Sven Leyder, responsable des certifications à l’Institut Goethe de Paris, qui nous a éclairés en apportant son expertise.

Tout d’abord, il faut bien faire la distinction entre les tests (en allemand, par exemple Bright ou TestPro du GI) qui évaluent un niveau à un instant T et dont la validité est par conséquent limitée, et les certifications telles que les « Goethe Zertifikate » ou le CLES (Certificat de Compétences en Langues de l’Enseignement Supérieur) qui évaluent des compétences. « Montrer ce dont on est réellement capable » – slogan avec lequel l’Institut Goethe promeut ses certifications et qui résume bien l’objectif. Il ne s’agit pas de montrer ce que l’on sait (grammaire, vocabulaire, etc.) mais ce que l’on sait faire selon le référentiel de compétences du CECR. La standardisation des certificats Goethe permet de comparer les performances individuelles. D’après Sven Leyder, les certifications proposées par l’Institut Goethe se distinguent par leur reconnaissance mondiale, contrairement au CLES qui reste très franco-français, ou le DSD (Deutsches Sprachdiplom) qui a une portée franco-allemande. En plus, l’Institut Goethe défend avec ses certifications une certaine « Bildungsidee », une idée holistique et humaniste de l’apprentissage. Mettre l’accent sur les compétences plutôt que sur le savoir est plutôt nouveau pour nos étudiants qui sont, pour la majorité d’entre eux, issus des classes préparatoires où ils brillaient justement par leur savoir. Ceci explique en partie le taux d’échec assez élevé à la certification B2. En plus, certaines compétences « pratiques » (p. ex. écrire un mail formel ou professionnel) ne sont pas encore acquises en français et manquent très logiquement aussi en allemand.

Dans la discussion, nous étions d’accord qu’un travail sur les différentes compétences requises pour le certificat B1, B2 voire C1 pouvait s’intégrer facilement dans nos cours, et être bénéfique pour tous les étudiants indépendamment de leur niveau, p. ex. en termes de stratégies de lecture ou d’écoute. L’obtention du certificat n’est pas une fin en soi. Le bénéfice réside dans l’amélioration des compétences linguistiques dans la communication au quotidien. La préparation des certificats Goethe permet un enseignement différencié dans un groupe hétérogène. Grâce à leur forme modulaire, il est possible de passer les modules séparément et d’augmenter ainsi le taux de réussite. Enfin, le passage d’une certification s’inscrit souvent dans un projet – échange académique, double diplôme, stage – ce qui est aussi un facteur de motivation.

D’un autre côté, la frustration des étudiants peut venir d’une surestimation de leurs compétences puisqu’ils ont été évalués jusqu’ici par rapport à leur savoir. Certains sont aussi peu motivés par les sujets « terre à terre » proposés dans le cadre des certifications. Ils souhaiteraient travailler sur des sujets de réflexion. Il y a aussi d’autres freins comme par exemple le coût de l’examen. Même si le fait d’être centre d’examen (Prüfungslizenznehmer) de l’Institut Goethe permet de pratiquer des tarifs préférentiels, les étudiants doivent déjà supporter le coût des certifications d’anglais (environ 250 euros pour l’IELTS par exemple). L’organisation d’un certificat par une école mobilise aussi beaucoup de ressources (examinateurs, surveillants, …) et la tentation est grande d’opter pour un test corrigé numériquement, voire de déléguer toute l’organisation d’une certification à un prestataire privé (ETS Global, PrepMyFuture, etc.). Face à cette concurrence mais aussi sous l’influence de la pandémie, l’Institut Goethe se trouve en pleine digitalisation. Des examens en ligne ne sont cependant pas prévus.

En conclusion, après cette riche matinée, le groupe souhaitait approfondir le travail sur les compétences et l’enseignement différencié. L’idée a été retenue pour l’atelier lors du congrès de l’UPLEGESS ou notre prochaine Journée des Germanistes.

Hommage à notre collègue Didier Bottineau

Lettre de Jörg Eschenauer, Président de l’Uplegess

Chères/Chers collègues,

C’est avec une immense tristesse que je vous fais part du décès de notre collègue Didier Bottineau. Il a succombé en seulement quelques semaines à un cancer foudroyant.

Didier a été pendant plusieurs années membre de notre CA en tant que président du conseil scientifique. Chercheur au CNRS, linguiste, angliciste, maîtrisant plusieurs langues, il défendait aussi avec ferveur la cause des langues régionales.

Tous ceux qui ont participé au congrès de 2016 à l’ESTP de Cachan se souviennent certainement du concert du groupe de Roy Eales organisé par Didier. Infatigable penseur de l’énaction et des processus de l’autopoïèse, il considérait toujours chaque prise de parole comme un engagement social.

Passeur entre tous les milieux de l’enseignement supérieur, enseignant de langue dans les Grandes écoles, il était ancré principalement au CNRS et au laboratoire ICAR menant des recherches dans ses domaines de spécialité.

Orateur hors pair, il savait, sans arrogance aucune et avec beaucoup d’humour, communiquer avec les collègues de tous ces différents milieux. Les dernières années, il s’est engagé au sein de l’IMT DIDALANG et a ainsi poursuivi ses activités en faveur d’un enseignement énactif des langues-cultures en coopération avec l’Uplegess. Le livre sur le plurilinguisme, dans lequel un article de Didier est publié, sortira prochainement à l’occasion des 50 ans de notre association. Ce livre lui sera dédié. 

J.E.

Une enveloppe est proposée en ligne, afin d’aider sa compagne Birgit dans cette épreuve. Voici le lien pour y participer (date limite le 9 octobre).

Les collègues de l’ENS ont mis en place une cagnotte qui sera utilisée pour quelque chose qui lui tenait réellement à cœur : un don à une association de défense et de protection de l’environnement. 

Si vous souhaitez adresser un message à Birgit et à la famille de Didier, je me propose de le leur transmettre.

Us et abus d’un concept à la mode : l’innovation en éducation de Jörg Eschenauer

 

Lettre@mon fils de Jörg Eschenauer (à télécharger), partagée lors du dernier congrès à l’ESTACA, une lecture grave, essentielle devant un public inspiré, ému. 

 

Devenir (en) enseignant “L’innovation en éducation : us et abus d’un concept à la mode – Bilan de 50 ans de travail d’enseignant” Congrès de l’UPLEGESS 15 juin 2023 ESTACA

Mon cher Clemens, 

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Tu veux donc choisir et apprendre le métier d’enseignant. 

(…)

Il faut de toute façon beaucoup de courage pour devenir enseignant. Jaurès l’avait dit d’une façon remarquable :

“Le courage, c’est d’être tout ensemble, un praticien et un philosophe (…) le courage, c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel ; c’est d’agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l’univers profond ni s’il réserve une récompense”

(…)

 

Participez au lancement de BADGE (Becoming A Digital Globale Engineer)

The BADGE project

BADGE : des ressources pour tous les enseignants de langue

Ce projet a pour objectif de développer des ressources pour des profs de langue dans les Ecoles d’ingénieur.

Ces ressources accessibles à partir du 1er septembre 2022 seront disponibles gratuitement sur le site web de Badge.

Les 15 et 16 juillet, nous allons présenter tous les résultats en ligne via ZOOM – Cliquez ici pour vous inscrire pour tout ou partie des conférences

Hommage à notre collègue et amie, Sonja

Chères/Chers collègues,

Sonja Piquet nous a quittés discrètement et brutalement le 10 août, au cœur de l’été. Nous n’oublierons pas cette belle personne qu’elle était, généreuse, passionnée, humble, et toujours préoccupée par les questions philosophiques, sociales et environnementales.

Tous ceux qui ont eu la chance de pouvoir travailler avec Sonja souhaitent lui rendre hommage à travers les témoignages ici réunis. Ces textes montrent la profonde gratitude qu’expriment les collègues envers elle après tant d’années d’échanges, de coopération et de partage collégial et souvent amical.

Sonja était un bel exemple d’une vie humaine qui ne s’est pas « repliée comme une huître dans la coquille de son salut personnel » (Jankélévitch). Jamais, elle ne parlait de son moi mais souvent de ses préoccupations concernant l’évolution de nos sociétés. Et pourtant, elle avait toutes les raisons d’être fière de ce qu’elle a réalisé au cours de sa vie professionnelle.

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A la mémoire de Sonja

J’ai fait la connaissance de Sonja il y a 20 ans lors d’un de mes premiers congrès de l’UPLEGESS. Elle y faisait une communication sur un projet pédagogique passionnant : les étudiants étaient amenés à écrire ensemble leur propre roman. J’ai été dès cette première rencontre fascinée par Sonja. Tout en restant extrêmement modeste, elle présentait un projet exigeant et novateur qui grâce à la réflexion qu’elle avait menée ne pouvait que convaincre. C’était une des caractéristiques de Sonja : elle avait la fibre pédagogique, mais ne se contentait jamais seulement d’énoncer de grandes idées ; elle réfléchissait à leur réalisation.

Ainsi, tout ce qu’elle abordait tenait la route. C’est ainsi qu’elle a gagné l’estime de ses collègues à l’UPLEGESS, notamment des enseignants d’allemand qui ne juraient que par elle. J’ai eu la grande chance de travailler pendant 9 ans avec elle en tant que coordinatrice d’allemand. Alors qu’au début, je remplissais cette fonction seule, je me suis vite rendu compte que ce serait bien plus efficace si nous faisions ce travail à deux, en binôme. Je me souviens encore que Sonja voulait seulement m’assister, n’être que coordinatrice adjointe. Il fallait que j’insiste pour qu’elle accepte de remplir cette fonction au même titre que moi ce qui reflétait beaucoup mieux la réalité étant donné qu’elle faisait au moins 50% du travail ! Oui, Sonja a toujours voulu être discrète et modeste, alors qu’elle faisait un travail remarquable ! Quel plaisir d’échanger avec elle sur la préparation de la future journée des Germanistes ou de la prochaine réunion des Germanistes à notre congrès annuel ou sur le lancement d’un sondage sur la place des LV2 dans les écoles d’ingénieurs et de management !

Les Germanistes se souviendront…

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Ce qui change : les résultats de notre enquête

Merci aux 120 enseignants qui ont répondu à notre questionnaire !

58 % d’entre vous sont enseignants dans des grandes écoles, 24 % dans des universités et 22 % dans des centres de langue.

1- Les pratiques pédagogiques en ligne ne sont jamais en décalage complet avec les pratiques habituelles en classe. 

Certains ont pu être frustrés à l’oral ou à l’écrit, selon leur propre pédagogie “spontanée” en présentiel, mais chacun a retrouvé en ligne son style pédagogique, sa “posture” préférée.

“Expression orale en interaction et CO plus importantes que d’habitude.” versus  “Moins de focus sur l’oral et plus sur l’écrit”

2- Unanimement vous constatez la surcharge de travail, et surtout celle du travail en amont du cours.

Il est évident que le passage à la distance met l’improvisation, la spontanéité hors jeu : tout doit être scénarisé à l’avance. Le plan de cours devient incontournable. Chercher des ressources, les trier, scénariser les cours, se préoccuper de l’alignement pédagogique  : c’est l’ingénierie pédagogique qui prend ici toute son importance. Le temps de formalisation devient plus important : expliciter la démarche et le cadrage pédagogiques à l’étudiant, soigner ses consignes, prévoir tous les aléas du cours en cas de problèmes techniques.

3- Distance physique ne signifie pas distance sociale

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Ce qui a changé : évaluer à distance

Avez-vous eu l’impression d’évaluer de façon différente pendant cette période de confinement  ?

Différentes conceptions de l’évaluation

Pour les enseignants de langues la question de l’évaluation ne s’est pas posée dans les mêmes termes que pour les enseignants d’autres disciplines, en particulier les disciplines scientifiques. En effet, très souvent en langues il ne s’agit pas d’évaluer des connaissances,  mais des compétences de compréhension et d’expression écrite et orale mises en œuvre dans des projets individuels ou de groupe.  Productions écrites, productions multimédia, portfolios, journaux de bord ont été couramment utilisés pendant cette période de confinement .

On a retrouvé les pratiques du présentiel,  certains enseignants privilégiant une évaluation formative pour étayer les processus d’apprentissage, d’autres se focalisant sur des évaluations sommatives avec un travail final ou avec des quiz.

Dans tous les cas, la période a obligé chacun à se poser des questions fondamentales et à établir des critères explicites d’évaluation.

Je me pose beaucoup de questions sur l’évaluation de la partie orale, sur la partie écrite (rédaction, exercices divers) je me suis donnée plus de règles et de critères qu’avant.

Les modes d’évaluation choisis par les enseignants ou imposés par les institutions ont donc été fortement interrogés à cette occasion. Selon que l’on privilégiait l’évaluation formative ou l’évaluation sommative, les constats ne sont pas les mêmes.

“Pas de changement. Les grilles d’évaluation (ou d’observation) que j’utilise sont les mêmes à distance ou en présentiel.”

“Beaucoup, il a fallu repenser ma façon d’évaluer et l’adapter (privilégier l’évaluation par projet, l’auto-évaluation, l’évaluation par les pairs )”

Évaluer c’est aussi rassurer

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La défense du plurilinguisme – le cas de l’allemand

Le 1er février, les professeurs d’allemand au sein de l’UPLEGESS se retrouvaient pour leur journée de rencontre annuelle. Le temps de faire le point sur l’enseignement de l’allemand dans le supérieur.

La très nette prédominance de l’anglais comme langue d’enseignement et de travail dans toutes les Grandes Écoles de Management et dans un nombre croissant d’Ecoles d’Ingénieurs laisse peu de place au plurilinguisme. Il existe un risque, notamment pour l’allemand, d’être supplanté par l’anglais lors des stages et séjours académiques effectués par nos étudiants dans les pays germanophones.

Continuer à apprendre l’allemand après le bac n’est plus du tout une évidence face à d’autres choix ou impératifs : commencer l’apprentissage d’une autre langue jugée plus « attirante » (chinois, portugais du Brésil, …) et ouvrant les portes à des séjours lointains, ou se concentrer entièrement sur l’anglais pour valider le score TOEIC exigé pour la diplomation. « Il faut proposer quelque chose de spécial, qui sort de l’ordinaire », dit Ruth Doulain-Bachmann, enseignante à la Faculté des Sciences économiques de l’université Rennes 1 qui propose un double diplôme avec l’université d’Augsbourg. En licence comme en master, les étudiants passent une année dans l’université partenaire. L’originalité à Rennes consiste en un programme de préparation (baptisé ECLA (!) : Economie, Culture et Langue Allemandes) qui propose des cours d’allemand mais aussi des enseignements d’économie en allemand, dispensés par des enseignants-chercheurs de l’université partenaire. Ce double diplôme profite du soutien financier de l’Université franco-allemande (UFA), un organisme qui regroupe presque deux cents établissements de l’enseignement supérieur proposant 185 cursus intégrés binationaux.

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