La défense du plurilinguisme – le cas de l’allemand

Le 1er février, les professeurs d’allemand au sein de l’UPLEGESS se retrouvaient pour leur journée de rencontre annuelle. Le temps de faire le point sur l’enseignement de l’allemand dans le supérieur.

La très nette prédominance de l’anglais comme langue d’enseignement et de travail dans toutes les Grandes Écoles de Management et dans un nombre croissant d’Ecoles d’Ingénieurs laisse peu de place au plurilinguisme. Il existe un risque, notamment pour l’allemand, d’être supplanté par l’anglais lors des stages et séjours académiques effectués par nos étudiants dans les pays germanophones.

Continuer à apprendre l’allemand après le bac n’est plus du tout une évidence face à d’autres choix ou impératifs : commencer l’apprentissage d’une autre langue jugée plus « attirante » (chinois, portugais du Brésil, …) et ouvrant les portes à des séjours lointains, ou se concentrer entièrement sur l’anglais pour valider le score TOEIC exigé pour la diplomation. « Il faut proposer quelque chose de spécial, qui sort de l’ordinaire », dit Ruth Doulain-Bachmann, enseignante à la Faculté des Sciences économiques de l’université Rennes 1 qui propose un double diplôme avec l’université d’Augsbourg. En licence comme en master, les étudiants passent une année dans l’université partenaire. L’originalité à Rennes consiste en un programme de préparation (baptisé ECLA (!) : Economie, Culture et Langue Allemandes) qui propose des cours d’allemand mais aussi des enseignements d’économie en allemand, dispensés par des enseignants-chercheurs de l’université partenaire. Ce double diplôme profite du soutien financier de l’Université franco-allemande (UFA), un organisme qui regroupe presque deux cents établissements de l’enseignement supérieur proposant 185 cursus intégrés binationaux.

C’est également le cas du double diplôme franco-allemand proposé par NEOMA Business School en association avec ESB Reutlingen, une des meilleures écoles de management en Allemagne. Dans le cadre du programme CESEM, les étudiants passent deux années consécutives à Reims, puis deux années à Reutlingen durant lesquelles Allemands et Français se côtoient au quotidien, formant une seule promotion. Les étudiants effectuent également un stage en entreprise dans chacun des deux pays. Ursula Klein-Hessling, coordinatrice des cours d’allemand au sein du CESEM, souligne l’avantage sur le marché de l’emploi d’un profil clairement défini et distinctif alors qu’aujourd’hui beaucoup de bacheliers hésitent à s’engager dans une spécialisation et préfèrent les cursus plus généralistes.  « Un programme tel que le CESEM fait la différence sur un CV. Il existe depuis plus de quarante ans et jouit d’une solide réputation auprès des entreprises », explique Ursula. « L’avantage pour les étudiants est également financier puisqu’ils reçoivent une bourse mensuelle de l’UFA. »

À défaut de la quantité, l’allemand mise sur la qualité des enseignements et la rareté des germanophones profite aux étudiants avec un bon profil franco-allemand. En effet, la demande sur le marché de l’emploi en France est en augmentation : hormis l’anglais, l’allemand était requis dans 52,2 % des offres d’emploi en 2018 contre 46 % l’année précédente, et occupe toujours très nettement la première place devant l’espagnol et l’italien.

Mais à l’utile, il faut joindre l’agréable. Après la « Freude am Fahren », le plaisir de conduire Made in Germany, viendra peut-être à nouveau la « Freude am Deutschlernen »*, avec ou sans stage chez BMW.

*le plaisir d’apprendre l’allemand

ANDREA KATZENBERGER.