Retour sur la journée dédiée au Metavers

Résumé de la Journée d’études du groupe de travail Langues de la commission Formation de la Conférence des Grandes Ecoles (CGE) et de l’UPLEGESS sur :

LE MÉTAVERS : QUELS ENJEUX POUR L’ENSEIGNEMENT DE LANGUES ET CULTURES ?

La thématique de la journée organisée à Paris Business School fin janvier a été introduite par nos conférenciers invités, Charles Perez, enseignant chercheur de l’Ecole des Mines Paris- université PSL et Alexis Paljic, enseignant chercheur et ingénieur en informatique de Paris School of Business (cf. l’article sur le blog).

L’occasion pour notre communauté d’enseignants de langues non seulement d’étayer un lexique lié aux innovations technologiques et au métavers (réalité virtuelle augmentée, réalité mixte, web3, serious game, blockchain, tokens, chat GPT, avatar…) mais aussi d’être confrontée à notre représentation de ces nouveaux concepts face à la réalité de nombreux professionnels impliqués d’ores et déjà dans leur mise en oeuvre. Nous avons eu l’occasion de visualiser ces nouveaux environnements grâce à la présentation de programmes tel Minecraft utilisé par Cambridge à des fins pédagogiques puis de tester 2 casques de réalité virtuelle.

Des groupes de réflexion se sont organisés dans un 2e temps, sous forme de world café et ont donné lieu à des synthèses restituées à l’oral en amphi, en fin de journée. Voilà ce que nous en retenons.

Comment le métavers enrichit-il l’expérience d’apprentissage ? Telle était la première question à laquelle les participants ont réfléchi. Le fait de rendre les jeux de rôles et simulations plus réalistes par l’immersion dans un décor authentique, tridimensionnel et adaptable a été évoqué en premier et perçu comme un élément singulier et positif.

Un autre point important est l’idée que le métavers favorise l’engagement des étudiants. En effet, cet outil est fort attractif pour la génération qui a grandi avec le numérique. Il est vécu par nos étudiants comme ludique, collaboratif et  interactif de manière intrinsèque. Ses atouts semblent nombreux  : il renforcerait la concentration, permettrait aux étudiants discrets de surmonter leur inhibition grâce à l’avatar et de développer plus aisément leur savoir-être (travail en équipe, prise d’initiative, capacité de décision…). Le métavers serait-il plus inclusif ? les dispositifs pouvant être adaptés selon les besoins…

Par la suite, les participants ont été invités à proposer un objectif de cours enrichi par le métavers. On peut résumer les objectifs proposés en quatre catégories. Viennent d’abord les objectifs orientés vers un savoir-faire métier, par exemple apprendre à manipuler une machine ou à développer un produit, de la conception jusqu’à la mise sur le marché. Pour atteindre des objectifs culturels et interculturels, le métavers propose également de multiples possibilités. On peut imaginer la découverte d’une ville, la visite d’un musée ou la préparation à la mobilité étudiante. Des objectifs plus linguistiques sont aussi possibles. Ils peuvent être orientés vers la communication (pratique de la langue en tandem, apprentissage de la langue des signes, …) mais aussi la phonétique (fluidifier l’expression et la prosodie grâce à la visualisation de schémas intonatifs et à l’engagement du corps).

A ces éléments de réflexion constructifs, dans une dynamique projective, ont été soulevées des questions d’ordre plus pragmatique sur la faisabilité même de l’intégration du métavers dans les établissements, publics précisément, compte tenu des coûts matériels et humains pour sa mise en œuvre. Le dispositif technique est lourd et complexe et les avancées technologiques sont attendues pour rendre plus performant son usage. Mais de quelles  performances parler… dans quelle mesure le Métavers est-il un vrai facilitateur d’apprentissage ? Quel rapport au monde sensible permet-il ? Comment se passe alors l’assimilation par le corps et les sens ? Quelle empreinte corporelle observe-t-on ? Et quel bénéfice ? Ou au contraire quel préjudice ? Où se situe l’enseignant de langues et culture,  quel est son rôle face à ce nouveau paradigme, celui d’un univers “imaginaire” et habité de son double virtuel ? Et enfin, à l’heure du développement durable, quels sont nos outils de mesure pour considérer son impact sur l’environnement ?

Les participants semblaient globalement d’accord pour considérer le potentiel du Métavers dans sa capacité à mobiliser des ressources non disponibles en classe (mise à disposition de matériel pour manipulation) et à « repousser les murs » de l’espace classe, souvent très contraignant.

Cet univers virtuel offre ainsi un monde modulable où l’expérience est au plus proche d’un réel simulé. Face à ce monde propre et sûr créé pour un apprentissage où l’erreur est possible sans mise en danger, la question de l’altérité a été posée lors des échanges en grand groupe et reste entière… pourquoi faire ce détour par l’immersion virtuelle si l’objectif est la rencontre de l’autre ? Que peut apporter le Métavers à l’apprentissage et la découverte des langues et cultures que n’apporte déjà la pédagogie active ancrée dans un réel incarné ?

Une première journée sur le Métavers, dense et enthousiaste… le début certainement d’une longue série compte tenu de l’ampleur du sujet et de l’implication de tous les acteurs.

Liens vers ressources échangées lors de la journée

Réalité virtuelle, réalité augmentée : quels risques ? quelles bonnes pratiques adopter ?

Metaverse : quel rôle joue l’intelligence artificielle (IA) dans ce monde virtuel ?