Quelle éthique pour l’ingénieur ?

Jörg Eschenauer : Présentation du livre de  Laure FLANDRIN et Fanny VERRAX

Quelle éthique pour l’ingénieur ?, Editions Charles Léopold Mayer, Paris 2019

Publié en partenariat avec Ingénieurs sans frontières, Ecole Centrale de Lyon, Sciences Citoyennes et UPLEGESS

Les Editions Léopold Charles Mayer viennent de publier un livre qui deviendra certainement très rapidement une référence incontournable pour le domaine de la formation des ingénieurs et des managers. Il s’agit du livre « Quelle éthique pour l’ingénieur ? » de Laure Flandrin et de Fanny Verrax, enseignantes-chercheuses en SHS et en philosophie. Partageant avec certains de leurs élèves de l’INSA de Lyon et de l’École Centrale de Lyon « l’intuition que le monde a moins besoin d’être techniquement réparé que politiquement transformé » (page 7),  les deux auteures s’attachent à « redéfinir l’éthique au-delà de l’anthropologie néolibérale » en considérant « l’ingénierie comme une profession-frontière » (page 8). Le livre est divisé en trois parties : 1) « Une éthique intégrée à l’entreprise », 2) « L’ouverture de l’éthique de l’ingénieur aux enjeux sociotechniques » et 3) « L’extension de l’éthique de l’ingénieur aux enjeux environnementaux ». Ainsi est brossé dans ce livre remarquable et très pédagogique un tableau complet des défis auxquels l’ingénieur est aujourd’hui inévitablement confronté.

Définissant l’ingénieur en tant que « partie prenante de la démocratie technique » (pages 149 – 170) L. Flandrin et F. Verrax lui attribuent un rôle central dans la « transition écologique »  en le mettant sur une trajectoire de « dépassement des limites de l’ingénierie par la démocratie écologique » (pages 225 – 240). La particularité spécifique de l’action de l’ingénieur est ainsi clairement identifiée : elle se situe au carrefour de « l’entreprise, de la société et de la nature ». La tâche éthique proactive de l’ingénieur face à cet entrecroisement de trois sphères complexes est de toute évidence « difficile et même paradoxale » puisque elle doit en permanence prendre en compte « l’irréversibilité des choix techniques ».

Inutile de souligner que cet ouvrage représente aussi une ressource extrêmement riche pour nos cours de langue, et pas seulement de Français Langue Etrangère mais pour tous les cours thématiques et séminaires en quelque langue que ce soit. Faire résonner (‘raisonner’) les concepts éthiques entre les langues permet de sentir et d’expérimenter les différences sémantiques et ainsi de mieux comprendre in fine les écarts de sens que nous offrent de telles analyses plurilingues.

Le livre se termine avec une conclusion courageuse. Les auteures osent attribuer à l’ingénieur le rôle « vertueux en gardien du pluralisme » (pages 257 – 262). Vision irréalisable voir irréaliste diront les uns, postulat urgent car nécessaire diront les autres. C’est l’avenir de l’humanité qui jugera lequel des deux avis était mieux adapté aux défis sociétaux de notre modernité tardive.

Jörg Eschenauer

 

Remarques conclusives – Jean-Claude Beacco

Remarques conclusives – Jean-Claude Beacco

Les organisateurs de cette rencontre ont bien voulu me confier la responsabilité de tirer, à chaud et sans beaucoup de recul, comme vous pourrez le constater, quelques enseignements de l’ensemble des communications qui y ont été présentées. Je ne m’aventurerai certes pas à en produire une synthèse et je me limiterai à vous proposer quelques réactions, dont certaines sont probablement fort subjectives.
La première constatation est celle d’une grande richesse et diversité des dispositifs institutionnels et d’ingénierie des formations en langues qui prennent en compte de manière centrale la diversité linguistique dans le cadre de l’enseignement supérieur. Ces bonnes pratiques ont été élaborées et sont mises en œuvre aussi bien par des universités que par des établissements supérieurs d’un autre type. Elles sont particulièrement présentes dans les IUT et les Grandes Écoles (pour la France) qui ont mis au point des cursus plurilingues en réponse aux réalités linguistiques des domaines professionnels, mais aussi pour une « formation humaniste » des ingénieurs et des techniciens supérieurs, dimension importante de leur préparation à la vie active.
La problématique de la gouvernance linguistique est particulièrement pertinente pour les établissements d’enseignement supérieur et les universités, car ils disposent, de manière variable suivant les contextes et les statuts, d’une certaine autonomie de décision : ils inscrivent leurs actions dans le cadre des politiques publiques, mais peuvent les adapter en fonction de leurs caractéristiques propres. Ce sont des acteurs à part entière des politiques linguistiques, au même titre que les associations culturelles, les familles ou l’enseignement de premier et de second degré. Le champ de la gouvernance linguistique est large : il va de la formation des enseignants de langue aux sites des établissements, de l’accueil des étudiants Erasmus et du recrutement des enseignants aussi sur des critères linguistiques aux politiques de recherche de nature sociolinguistique sur les langues du territoire proche. Comme attendu, tous ces aspects ne sont pas également représentés dans cette rencontre qui s’est focalisée sur ce qui nous est le plus familier, à savoir les dimensions plurilingues de l’enseignement et de la recherche.
Gouvernance est un néologisme déjà ancien, qui ne s’est pas constitué seulement comme référant à des bonnes pratiques d’organisation et de gestion, mais qui comporte aussi des dimensions éthiques de responsabilité partagée et de projet collaboratif. La mise en circulation de ce terme s’explique à la fois par des réoccupations économiques de synergie et d’économie de moyens – dans un espace idéologique néo libéral – , mais aussi par des préoccupations relatives à la cohésion sociale des organisations et à la prise en compte des personnes dans leurs capacités créatives. Lire la suite…

des talents + une carte = la Cartotalents ou un réseau pédagogique dynamique

« La Cartotalents offre la possibilité d’identifier et de contacter directement ses collègues enseignants pour explorer et échanger des pratiques pédagogiques et plus globalement d’aborder la question du développement pédagogique.
Elle est ouverte à tous les enseignants et tous les acteurs du développement pédagogique de l’enseignement supérieur francophone et… s’inscrit dans l’objectif de créer un collectif de talents pédagogiques. »

Voici un bel espace d’échanges et d’ouverture interdisciplinaire – développé par Nathalie Leneveu, chef de projet de la cartographie, conseillère pédagogique à l’IMT Atlantique – que nous vous proposons de découvrir et même de rejoindre…

L’occasion alors de se poser des questions sur ses pratiques et ses choix pédagogiques parmi les nombreux items proposés au moment de créer son profil…


@ de Nathalie L.  « Assistez à des webinaires thématiques animés par vos pairs »
jeudi 14 novembre 

de 13h00 à 13H45

Philippe Lépinard vous parlera de ludopédagogie

Pour en savoir plus, c’est ici. L’inscription est obligatoire. Limité à 20 personnes.

vendredi 29 novembre 

de 12h30 à 13h15

Michèle Archambauld vous parlera dintégration du numérique dans un parcours hybride de formation

Pour en savoir plus, c’est ici. L’inscription est obligatoire. Limité à 20 personnes. 

vendredi 13 décembre  Yannis Karamanos vous parlera dhybridation à d’aide de mini projets

Pour en savoir plus, c’est ici. L’inscription est obligatoire. Limité à 20 personnes

vendredi 17 janvier Jean-Charles Cailliez vous parlera de classe inversée et renversée

Information à venir

Vous souhaitez partager vos pratiques d’enseignement dans le cadre d’un webinaire ? Ou encore suggérer des pairs qui ont des initiatives à partager, écrivez à contact@cartotalents.fr

« Mille façons de voir le monde » : notre séminaire de l’été, les inscriptions sont ouvertes

Lors de ce séminaire d’automne à Paris 13e – accueilli par Nora Sanchez à Paris School of Business et proposé par Carla Tomé, auteure et metteuse en scène et Olga da Silva Marques  artiste-pédagogue -, les participants seront invités à explorer l’espace, la forme, la construction d’un personnage et la création d’histoires.

Comment un travail d’exploration de l’espace et de la forme de la construction d´un personnage ainsi que la création d’histoires peuvent-ils contribuer à l’apprentissage des langues ?

Cette proposition s’ancre dans les théories de l’embodiment et le paradigme de l’énaction, soit l’émergence du langage et des langues dans :

  • la corporéité
  • la sensorialité
  • la créativité

Les séances s’appuient sur les méthodes et techniques de travail du maître japonais Tadashi Suzuki, les premiers piliers d’appréciation de l’espace des «Viewpoints » d’Anne Bogart et les bases de la découverte de la voix selon le travail de Linklater, pour ne citer que cela… Les pratiques proposées construisent du lien les unes avec les autres, afin de permettre aux participants de rassembler leurs connaissances dans un répertoire individuel tout en créant le vécu d’une mise en résonance commune.

Pendant toute la durée du stage, un temps consacré à la prise de notes et aux échanges entre les enseignants et les intervenantes sera privilégié, afin de faciliter la réflexion sur l’application de ces pratiques en cours de langues.


Retour en mots et en images sur la journée d’études du 21 mars

Avant de nous retrouver à Albi pour notre congrès, nous vous offrons un peu de lecture et de visionnage sur cette journée d’études très dense et enrichissante – du groupe de travail langues de la commission formation de la conférence des grandes écoles – qui a marqué le mois de mars en abordant de manière très concrète la place du plurilinguisme dans nos écoles, en particulier sur les enjeux de l’internationalisation et de l’apprentissage des langues-cultures de nos futurs ingénieurs-managers.

lien vers les vidéos et les compte-rendus

Université d’été – BELC du CIEP

L’université d’été – BELC du CIEP ouvre ses portes comme chaque année en juillet 2019 à Nantes. Elle s’adresse à tous les professionnels de l’éducation et du français exerçant en France ou à l’étranger : enseignants, coordinateurs et responsables pédagogiques, chargés de communication, ou directeurs de centre de langues. Un vaste choix de formation avec 96 modules de 15h, dans quatre domaines : enseigner, former, évaluer, piloter.

Le programme complet est en ligne :

Quinzaine A (du 1er au 12 juillet)
Quinzaine B (du 15 au 26 juillet)

Inscriptions jusqu’au 10 juin 2019.

La première publication de l’UPLEGESS : l’Ingénieur citoyen

Depuis 2017, l’Uplegess envisage la publication d’un ouvrage annuel à partir d’une sélection des communications des Congrès et avec les apports de conférenciers.

Un premier ouvrage intitulé L’Ingénieur citoyen est ainsi paru en 2018 aux Presses des Ponts. Il traite des synergies entre l’enseignement des langues, les cultures et les sciences humaines dans la formation de l’ingénieur du XXIe siècle.

Les auteurs s’interrogent sur le statut actuel des pratiques transversales et interculturelles. Certains réfléchissent sur les enjeux communs aux langues et sciences humaines et sociales face à la mondialisation, d’autres présentent des expériences sur le terrain qui font état de cette synergie et d’autres proposent des résultats d’enquêtes et des recherches qui démontrent la nécessaire « dynamique relationnelle » entre la dimension interculturelle et la réflexion éthique.

Pour en savoir plus et commander le livre : Éditions Presse des Ponts

Les recommandations de la conférence de consensus CNESCO

Les recommandations de la conférence de consensus du CNESCO qui s’est tenue les 13 et 14 mars 2019 sont arrivées !

Cet article du site theconversation.com pointe le problème lancinant en France : Langues étrangères : les résultats décevants des élèves français. 

Parmi ces 10 recommandations la dixième nous interpelle.

1. Travailler sur l’oral de manière progressive, de la maternelle jusqu’au lycée
2. Guider les élèves vers l’autonomie, en s’appuyant notamment sur les outils numériques
3. Créer des ponts entre les différentes langues et cultures
4. Évaluation : reconnaître un « droit à l’erreur » et mieux cibler les compétences réelles des élèves
5. Proposer des cours de langues d’une durée plus courte mais plus régulièrement
6. Amplifier, sur le temps scolaire, l’exposition aux langues étrangères
7. Favoriser la mobilité internationale de tous les élèves et des enseignants
8. Redonner une place à l’enseignement explicite des langues
9. Construire un « programme lexical » national
10. Repenser le recrutement et la formation des enseignants en langues

« La formation doit s’appuyer davantage sur le vécu des enseignants pour les amener à déconstruire leurs croyances autour de la langue qu’ils auront à enseigner et pour favoriser une pratique réflexive. La formation doit également être reliée de façon plus systématique aux résultats de la recherche. Cette double approche devrait notamment permettre de faire évoluer la posture des enseignants sur la place et le traitement de l’erreur en cours de langues. »

Notons que les besoins de formation mis en évidence par les enseignants de langues portent sur leurs compétences dans le domaine du numérique et ce, plus que leurs collègues d’autres disciplines.

Parmi les interventions très riches de cette conférence, citons celle d’Emmanuelle Huver sur l’évaluation.

La rapport scientifique de Christian Ollivier Enseigner pour aider à apprendre les langues pointe bien la difficulté de changer les postures enseignantes avec des préconisations trop éloignées de leurs croyances et pratiques personnelles. Ne dit-on pas qu’il faut prendre les étudiants là où ils sont pour tenter de les amener là où on veut ? Alors, ne devrait-on pas faire de même avec les enseignants ?

Martine Ravetto-Dubreucq

Journée d’études du groupe de travail Langues de la Commission Formation de la CGE du 21 MARS 2019

Le 21 mars 2019 a eu lieu une Journée d’études du groupe de travail Langues de la Commission Formation de la CGE (Conférence des Grandes Écoles) sur la place du plurilinguisme dans nos écoles, en particulier sur les enjeux de l’internationalisation et de l’apprentissage des langues-cultures de nos futurs ingénieurs-managers. Cette journée a rassemblé une centaine de personnes, à l’école des Ponts ParisTech.

 

Pour la table ronde de la matinée était conviées Marie-Jo Goedert (à droite sur la photo), directrice administrative internationale de la CTI, qui a présenté la nouvelle version de R&O de la CTI ainsi que Alice Guilhon (à gauche sur la photo), présidente du chapitre des écoles de management de la CGE et Directrice Générale de SKEMA Business School, qui a développé sa vision de la stratégie d’internationalisation des écoles de commerce.  Jörg Eschenauer, coordinateur du groupe de travail Langues de la CGE et président de l’UPLEGESS, a interpellé l’assistance sur la nécessité de favoriser la création de synergies vivantes pour former “l’ingénieur citoyen” qui saura appréhender un monde changeant, incertain et hautement “technologisé”.

Première intervention de Marie-Jo Goedert, directrice administrative internationale de la CTI

Marie-Jo Goedert a rappelé l’importance de l’assurance qualité dans l’Espace Européen de l’Enseignement Supérieur (EEES) issu du processus de Bologne qui regroupe aujourd’hui 49 pays. La CTI est chargée de mener des évaluations auprès d’établissements souhaitant pouvoir délivrer le titre d’ingénieur diplômé ou obtenir des labels (EUR-ACE®, CeQuInt) et s’attache également à définir le profil générique de l’ingénieur en élaborant le référentiel Références et orientations (R&O) qui fait l’objet de mises à jour périodiques. La version 2019 du référentiel insiste sur « la dimension internationale de la formation qui doit permettre de fournir aux élèves ingénieurs un apprentissage multiculturel, interculturel et linguistique nécessaire dans le contexte actuel d’internationalisation des entreprises et donc du recrutement des cadres ».

Pour en savoir plus, compte-rendu de l’intervention sur le site de la CTI

Intervention de Alice Guilhon, directrice de SKEMA Business School et Présidente du chapitre des Ecoles de management à la CGE.

 

Intervention de Jorg Eschenauer, coordinateur du groupe de travail Langues de la CGE et président de l’UPLEGESS

 

Il propose de se questionner sur l’utilité des DLC dans les grandes écoles

Une réflexion sur la compétence de médiation s’impose

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